Ayrault en Birmanie : le pouvoir civil doit être "au-dessus" de l'armée

Ayrault Birmanie Aun San Su Ki
© YE AUNG THU / AFP
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Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a annoncé lors de sa visite une enveloppe de 200 millions d'euros d'aide au développement d'ici 2018.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a plaidé jeudi en Birmanie pour que le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi soit "au-dessus" de la puissante armée qui a dirigé le pays pendant près de 50 ans.

"Le dialogue peut être utile". "Dans une démocratie, c'est le pouvoir civil qui dirige l'ensemble des institutions, et donc y compris l'armée", a déclaré Jean-Marc Ayrault lors d'une conférence de presse avec Aung San Suu Kyi à Naypyidaw, la capitale administrative birmane. "Nous respectons très attentivement les décisions du pouvoir civil", mais "le dialogue de l'armée birmane avec un pays comme la France, dont l'armée est parfaitement démocratique, peut être utile", a-t-il insisté pour justifier sa rencontre dans l'après-midi avec le général Min Aung Hlaing, chef de l'armée.

Un quart de sièges au parlement. Depuis la victoire du parti d'Aung San Suu Kyi aux législatives de novembre 2015, un gouvernement de facto dirigé par la Prix Nobel de la paix est au pouvoir. Mais Aung San Suu Kyi, chef de la diplomatie et conseillère spéciale d'Etat, doit composer avec un système politique hérité de la junte qui laisse un grand pouvoir à l'armée. Le général Min Aung Hlaing a en effet le pouvoir de nommer les ministres de la Défense, de l'Intérieur et des Frontières. L'armée conserve aussi un quart des sièges de députés au parlement, ce qui fait de son chef un interlocuteur incontournable pour Aung San Suu Kyi si elle veut un jour réussir à réviser la Constitution.

Total et Bouygues présents en Birmanie. Lors de la conférence de presse, Aung San Suu Kyi, qui a passé quinze ans en résidence surveillée sous la junte autodissoute en 2011, n'a répondu à aucune question, et s'est contentée d'une brève déclaration évoquant les liens entre les deux pays. Elle a "remercié la France, qui a constamment aidé au développement de l'agriculture, de la politique et de l'économie". "Nous souhaitons coopérer dans tous les domaines, celui de l'énergie, des infrastructures, des transports", lui a répondu Jean-Marc Ayrault. Les groupes Total et Bouygues sont ainsi très présents en Birmanie, pays riche en hydrocarbures et où tout est à reconstruire, des routes aux hôpitaux.

Mais la conquête de ce marché de plus de 50 millions de consommateurs, vu comme un eldorado par de nombreux investisseurs étrangers, n'est pas aisée. L'économie reste opaque, l'investissement encore difficile pour les étrangers, et la politique du gouvernement d'Aung San Suu Kyi un mystère.