"Ceux qui sont responsables, c'est clair, c'est le régime d'Al-Assad qui bombarde et les Russes qui bombardent aussi." Jean-Marc Ayrault n'y est pas allé par quatre chemins, jeudi matin, au micro d'Europe 1, pour dénoncer les bombardements qui s'abattent sur la ville d'Alep, en Syrie, depuis le début de la semaine. Pour le ministre des Affaires étrangères français, "le régime de Damas a choisi la stratégie de la guerre totale avec l'appui de la Russie".
Assaut massif. Depuis mardi en effet, un assaut d'une ampleur absolument inégalée est donné sur la ville d'Alep. Infanterie, blindés et artillerie visent simultanément l'ensemble des quartiers rebelles, dans le quart nord-ouest de la ville, afin de porter le coup de grâce à la rébellion. Et les civils ne sont pas épargnés. Les deux plus grands hôpitaux situés dans la partie rebelle de la ville syrienne ont ainsi été touchés mercredi, à l'aube, par des frappes aériennes qu'ONG et habitants attribuent au régime à son allié russe. "Il faut dénoncer ce qui se passe et que personne ne soit complice de ce massacre", a martelé Jean-Marc Ayrault, pointant les "crimes de guerre que dénonce [Ban Ki-Moon], le secrétaire général des Nations Unies, à juste titre."
Les Russes complices ? Le ministre des Affaires étrangères a donc appelé "les Russes à prendre leurs responsabilités, à condamner les bombardements d'Alep et l'utilisation d'armes chimiques". "Je demande aux Russes de ne pas être complices des bombardements." Est-ce à dire que Vladimir Poutine est en train de commettre des crimes de guerre en Syrie ? Jean-Marc Ayrault a botté en touche. "Je n'imagine pas qu'un président d'un grand pays comme la Russie se mette dans cette situation", a-t-il déclaré. "Il n'est pas trop tard pour un sursaut."
Cessez-le-feu. Par ailleurs, Jean-Marc Ayrault a indiqué que la France faisait "tout pour créer les conditions d'un cessez-le-feu et d'un arrêt des bombardements sur Alep". Une résolution doit être présentée au conseil de sécurité de l'ONU. Mais la Russie, qui y siège, risque bien de ne pas l'adopter. Pour le ministre des Affaires étrangères, les massacres en Syrie ont pour conséquence de jeter "encore plus de réfugiés" sur les routes dangereuses qui mènent en Europe. En outre, "Daesh et ses complices se renforcent sur place, mais aussi dans leur lutte terroriste contre nous."