De violents heurts avec les forces de l'ordre ont éclaté samedi au Bangladesh lors d'une manifestation de masse d'opposants à la Première ministre Sheikh Hasina, provoquant la mort d'un policier et faisant de nombreux blessés. Plus de 100.000 sympathisants des deux principaux partis d'opposition du pays, selon la police, avaient organisé des rassemblements, interdits, dans la capitale Dacca pour réclamer la démission de Sheikh Hasina et laisser place à un gouvernement neutre pour superviser les prochaines élections.
La police a fait usage de gaz lacrymognènes et tiré des balles en caoutchouc pour disperser ces rassemblements organisés par le principal parti d'opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), et le plus grand parti islamiste du pays, le Jamaat-e-Islami, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les manifestants ont répliqué par des jets de pierre et de briques dans plusieurs rues de la capitale. Un policier a été tué, "frappé à la tête par des militants d'opposition" et plus d'une centaine d'autres ont été blessés, a affirmé Faruk Hossain, le porte-parole de la police métropolitaine de Dacca.
Au moins 20 personnes ont, elles, été blessées par des balles en caoutchouc et conduites au principal hôpital du pays, le Dhaka Medical College Hospital, a dit à l'AFP l'inspecteur de police Bacchu Mia. Le BNP a appelé à une grève nationale dimanche pour protester contre les violences des forces de l'ordre.
Des dizaines de blessés
Cette journée de samedi marque une nouvelle étape dans les protestations avant des élections générales prévues d'ici à fin janvier. Sheikh Hasina, fille du premier président du pays, est au pouvoir depuis quinze ans et a vu son pays connaître une croissance économique rapide qui lui a permis de dépasser l'Inde voisine en termes de Produit intérieur brut (PIB) par habitant. Mais son gouvernement est accusé de corruption et de violations des droits de l'homme.
Depuis des mois, l'opposition, en pleine renaissance, organise des manifestations pour faire valoir ses revendications, bien que la dirigeante malade du BNP, Khaleda Zia, deux fois Première ministre et vieille ennemie de Mme Hasina, soit assignée à résidence après avoir été condamnée pour corruption.
Samedi, au moins 100.000 personnes avaient rejoint le rassemblement du BNP et jusqu'à 25.000 celui du Jamaat. Au moins 10.000 policiers avaient été déployés selon les autorités. Mais ils se sont heurtés à des centaines de manifestants dans le quartier de Kakrail, devant la plus grande église catholique de la ville.
Des images retransmises en direct sur la page Facebook du BNP ont montré des milliers de personnes courir pour s'abriter, alors que retentissaient des grenades assourdissantes sur fond de panaches de fumée noire. Samedi à Dacca, les manifestants avaient afflué malgré les barrages de contrôle, montant même à bord de trains bondés.
"Voleuse de votes"
"Voleuse de votes, voleuse de votes, Sheikh Hasina voleuse de votes", scandait la foule lors de la manifestation du BNP. "Nous demandons la démission immédiate du gouvernement Hasina, la libération de notre dirigeante Khaleda Zia et l'instauration d'un véritable droit de vote", a expliqué Sekandar Badsha, militant étudiant âgé de 24 ans venu de Chittagong (Sud).
Le porte-parole du BNP, Zahir Uddin Swapan a déclaré à l'AFP que "la police et des cadres armés du parti au pouvoir (avaient) attaqué notre rassemblement pacifique" et affirmé que plus d'un million de personnes avaient pris part à la manifestation. Cette mobilisation constitue un "dernier appel" à la démission volontaire de Mme Hasina, a ajouté le porte-parole. Le parti a, sinon, menacé d'appeler à des grèves et des blocages.
Plusieurs gouvernements occidentaux ainsi que des groupes de défense des droits humains ont exprimé leur inquiétude quant au climat politique régnant dans ce pays de quelque 170 millions d'habitants dominé par le de Ligue Awami de Sheikh Hasina.