Gros malaise à la Commission européenne. José Manuel Barroso, ex-Premier ministre portugais, qui a présidé la Commission de 2004 à 2014, a été engagé par la banque d'affaires Goldman Sachs pour la conseiller dans le contexte du départ annoncé du Royaume-Uni de l'UE. La banque américaine étant l’une des banques qui a précipité la crise grecque et contribué à la crise de la zone euro. Conséquence : la polémique enfle, plusieurs responsables politiques dénonçant "un conflit d'intérêt" ou "un représentant indécent d'une vieille Europe".
Juncker reste muet. Lors d’un point presse organisé lundi à la mi-journée, les questions ont fusé mais l’actuel président Jean-Claude Juncker refuse de condamner son prédécesseur, expliquant avoir reçu un appel de José Manuel Barroso qui l'a personnellement informé après son embauche chez Goldman Sachs. Et d’ajouter qu’il ne souhaitait pas "faire de commentaires". Pas de condamnation politique donc, et encore moins de sanction, malgré les règles inscrites dans les textes européens.
"Devoirs d'honnêteté et de délicatesse". Deux articles du traité sur le fonctionnement de l'UE énoncent en effet "les devoirs d'honnêteté et de délicatesse" qui incombent aux anciens membres de la Commission "quant à l'acceptation" après leur départ "de certaines fonctions ou de certains avantages". Le traité prévoit en guise de sanction ultime "la déchéance du droit à pension de l'intéressé ou d'autres avantages en tenant lieu".
José Manuel Barroso sera sous observation, promet la Commission. Mais il est clair que pour Bruxelles, son choix de rejoindre la banque d’affaires n’est pas indélicat en soi, pas suffisant, en tout cas, pour déclencher des représailles. La Commission esquive, et les ministres des finances aussi. Michel Sapin n’a répondu à aucune question à son arrivée. Son homologue allemand Wolfgang Schäuble a lui tout simplement fait comprendre dans un éclat de rire qu’il trouvait "plus prudent" de ne rien dire.