Basbous : "le traitement de ce mal n’est pas le bombardement aérien"

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INTERVIEW E1 - Invité du Grand Rendez-vous, Antoine Basbous, responsable de l’Observatoire du monde arabe, estime que la lutte contre l’Etat islamique passe par la réintégration des sunnites au sein du pouvoir irakien.
INTERVIEW

La réponse de la France et de ses alliés aux attentats perpétrés par l'organisation Etat islamique ne peut pas être que militaire : tele st le message qu'a tenu à faire passer Antoine Basbous, responsable de l’Observatoire du monde arabe, dimanche lors du Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Monde/I-Télé. "Le traitement de ce mal n’est pas le bombardement aérien", a-t-il souligné, estimant que les problèmes confessionnels en Irak étaient l'une des clefs de la crise actuelle au Moyen-Orient.

"Le traitement de ce mal n’est pas le bombardement aérien. Les bombardements, c’est pour la télévision. Quel a été l’effet des 10.000 sorties aériennes américaines ? Daech s’est étendu depuis le début des bombardements. Il a subi quelques revers mais géographiquement il a progressé", a-t-il souligné. "La première réponse est de réintégrer les sunnites à l’intérieur de l’Irak, c’est-à-dire moins d’occupation iranienne en Irak, plus de pouvoir, de participation au pouvoir des sunnites", a poursuivi le politologue.

Et Antoine Basbous de poursuivre : "il ne faut pas être dans la manipulation. Le général Paetreus en 2007, quand Al Qaïda s’est installé dans le 'Sunnistan' irakien (la zone majoritairement peuplée de personnes de confession sunnites, dans l'ouets du pays, ndlr), qu’a-t-il fait ? Il a dit aux sunnites : je vous réintègre au sein du gouvernement central à Bagdad, soutenez moi pour vaincre al Qaïda. Et le général américain a réussi à vaincre en s’appuyant sur les sunnites. Aujourd’hui, les sunnites ne voient pas d’autres offres". 

Une réconciliation irakienne qui ne pourra pas se faire sans l'Iran : "il faut que l’Iran lâche l’Irak", a-t-il conclu. La réponse à la crise actuelle ne pourra pas se faire sans "une sincère coalition internationale contre Daech et contre les projets d’empire dans la région. Le projet d’empire dans la région, c’est l’Iran". Une coalition qui devrait par ailleurs "redéfinir les frontières de la région".