Les forces armées irakiennes ont lancé le 17 octobre dernier une vaste offensive pour reprendre aux djihadistes du groupe État islamique la ville de Mossoul, leur dernier grand bastion irakien. Les forces spéciales françaises y jouent un rôle majeur, notamment auprès des combattants kurdes. Le reporter d'Europe 1 Didier François est le premier journaliste à avoir suivi pendant une semaine ces troupes déployées depuis plus de deux ans en Irak.
Que font les Français à Mossoul ? Les forces spéciales françaises, ces commandos sélectionnés pour mener des opérations stratégiques en toute discrétion, ont été "dès le début et jusqu'à ce jour totalement aux côtés des Peshmergas (les miliciens kurdes, ndlr) dans la formation, la préparation et l’accompagnement", explique le lieutenant-colonel Luc, dans un témoignage rare recueilli par Europe 1. Pendant plusieurs mois, ces commandos français leur ont apporté "un appui très concret sur un certain nombre d’objectifs ennemis clairement identifiés sur lesquels nous avions travaillé dans les moindres détails", souligne l'officier de liaison.
Depuis la zone où les forces spéciales françaises sont positionnées, le capitaine Guillaume assure : "ce sont les Peshmergas qui combattent, pas nous. Nous, on est là pour les appuyer avec nos moyens techniques, avec nos renseignements". Il raconte : "hier par exemple, il y a eu des tirs de mortiers dans la zone. Les Peshmergas ont pu nous en désigner le point de départ. Derrière, on peut faire décoller notre drone et cibler le bâtiment", indique le capitaine. "Grâce à l’officier peshmerga qui est chargé du ciblage sur la ligne de front, on va pouvoir s’assurer que la frappe est précise et juste et qu'il n'y a pas de dommages collatéraux".
Postés sur une colline récemment reprise aux djihadistes et offrant un point de vue idéal sur les positions ennemies, les forces spéciales françaises scrutent chaque détail, traquent chaque changement suspect. Le tout bien cachés dans des casemates rudimentaires, semblables à toutes les autres, afin de ne pas se faire repérer. Pour cela, ils disposent d'un équipement ultra performant : des lunettes à vision nocturne, des télémètres lasers à très haute définition… Cette observation patiente s'avère souvent payante.
Où en est la bataille de Mossoul ? "Nos appuis, par frappes aériennes, ont permis aux Peshmergas de prendre l’initiative d’offensive contre le califat de Daech", affirme le lieutenant-colonel Luc. Le groupe Etat islamique "s’était préparé à cette offensive majeure et avait bien organisé ses lignes de défense", assure-t-il. En cinq jours, les Peshmergas ont "brisé cette première ligne de défense, ont progressé de plusieurs kilomètres et ont été rejoints par les forces de sécurité irakiennes", décrit l'officier. Ils se trouvent désormais aux prises avec Daech dans les premiers quartiers du centre de la ville. Pour Didier François, il n'y a désormais plus aucun doute, "Mossoul va tomber".