La justice belge a ordonné mercredi à l'Etat d'organiser le rapatriement de six enfants belges de combattants djihadistes qui sont actuellement retenus avec leurs mères dans un camp de réfugiés contrôlé par les autorités kurdes en Syrie. Un juge des référés du tribunal néerlandophone de première instance de Bruxelles a pris le contre-pied d'un arrêt rendu cet été par la cour d'appel, qui avait rejeté la requête de deux mères de trois enfants chacune.
L'Etat a 40 jours pour s'exécuter. Ce juge a estimé qu'au nom des intérêts des enfants, l'Etat belge devait prendre "toutes les mesures nécessaires et possibles" pour les faire revenir, selon une copie de la décision transmise à la presse. Il a donné à l'Etat 40 jours pour s'exécuter, sous peine d'une astreinte de 5.000 par jour et par enfant, et proposé une série de mesures concrètes pour aboutir.
Ainsi, l'Etat belge est invité, pour prendre contact avec les autorités du camp, à recourir, si besoin est, "au personnel diplomatique et/ou consulaire d'un autre Etat de l'UE". Il doit délivrer les papiers d'identité nécessaires, y compris aux deux mères, qui doivent pouvoir envisager le voyage avec les enfants dans un cadre "sécurisé", sans être forcées de fuir, est-il souligné.
La Belgique a souvent mis en avant l'absence de représentation consulaire en Syrie pour expliquer son incapacité à agir concernant le retour des enfants de djihadistes privés de liberté dans ce pays en guerre depuis 2011. Il y a deux mois, à Bruxelles, un représentant des autorités semi-autonomes kurdes de Syrie avait dénoncé le refus des pays européens de reprendre leurs ressortissants membres du groupe Etat islamique détenus par leurs forces. "Ils nous laissent supporter ce fardeau", avait déploré ce dernier, soulignant que 584 femmes et 1.250 enfants avaient été placés dans deux camps.
Les enfants âgés de 0 à 6 ans. Dans le cas jugé à Bruxelles, les six enfants âgés de 0 à six ans et leurs deux mamans âgées de 25 et 26 ans, sont hébergés dans le camp de réfugiés à Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, à quelques kilomètres de la frontière irakienne. "Ils n'ont aucune liberté de mouvement", a expliqué à l'AFP Anouk Devenyns, la porte-parole du tribunal néerlandophone de Bruxelles.
Et même si leurs mères sont incarcérées à leur retour en Belgique, "un contact restera possible" avec les enfants dans de meilleures conditions qu'actuellement en Syrie, a fait valoir la magistrate. En proportion de sa population, la Belgique a été un des tout premiers pourvoyeurs de combattants étrangers pour le djihad en Syrie, avec plus de 400 départs d'adultes recensés depuis 2013.