Bicentenaire de Waterloo : les Français boudent la reconstitution

Des figurants en uniforme anglais en pleine répétition, dans la campagne britannique, en avril 2015. © GEOFF CADDICK / AFP
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Laure Dautriche et avec AFP , modifié à
RANCOEUR -

Alors que des têtes royales sont attendues aux reconstitutions de jeudi, du côté de la France, seul l'ambassadeur français de Belgique a accepté l'invitation.

200.000 spectateurs, 5.000 figurants en uniforme, 300 chevaux, 100 canons… le bicentenaire de la bataille de Waterloo, qui a scellé le 18 juin 1815 la défaite de Napoléon, va en mettre plein la vue. Un mémorial a déjà été inauguré le 21 mai dernier. Mais ces commémorations se feront sans les Français. Seul l'ambassadeur de la France en Belgique, Bernard Valero, assiste à la reconstitution qui commence jeudi.

Une défaite mal digérée. Bien que 200 ans se soient écoulés depuis la défaite française, aucun membre du gouvernement n'a accepté l'invitation au bicentenaire. Les autres pays seront, eux, bien représentés avec des membres des familles royales : le prince Charles et Camilla pour le Royaume-Uni, le prince Pieter-Christiaan pour les Pays-Bas et le roi et la reine de Belgique. Ce qui fait dire que la France n'a toujours pas digéré sa défaite face à une coalition européenne composée d'Anglais, de Prussiens, de Belges, de Néerlandais, d'Autrichiens et de Russes.

Même du côté des figurants, les Français ne sont pas présents en nombre. Ils ne représenteront que 5% des troupes. Sous la bannière des "grognards", on trouvera donc surtout des Belges et des Allemands.

Napoléon ? "Un sujet sensible". "Certains n'ont peut-être pas encore fait le deuil même si on a fait le deuil d'autres guerres plus modernes. Napoléon est encore un sujet très très sensible", avance un organisateur des célébrations. "Je ne savais pas du tout que ça pouvait être si vif, mais bon, voilà, pour nous, c'est normal. C'est Waterloo, il n'y aucun ressentiment, je trouve ça étonnant d'en rester là", estime une autre organisatrice.

Des pièces commémoratives… peu appréciées par la France. Preuve que pour la France, Waterloo est un sujet épidermique, elle a refusé que les pièces de deux euros frappées en Belgique et représentant le monument commémoratif de Waterloo circulent en France. Bruxelles a donc tranché en interdisant la mise en circulation de ces 70.000 pièces qui feront, du coup, le bonheur des collectionneurs.

La pièce de la discorde (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Une bataille très violente… Waterloo, localité proche de Bruxelles en Belgique, a été le théâtre d'une des batailles napoléoniennes les plus importantes mais aussi la plus meurtrière. Le 18 juin 1815, pendant 12 heures (de 11h30 jusqu'à la nuit tombée), ce sont pas moins de 188.000 hommes qui se sont affrontés dont 86.000 Français.

Après plusieurs erreurs stratégiques, les troupes de Napoléon s'inclinent et laissent le plus de pertes sur le champ de bataille, 7.000 sur un total de 10.000 morts ainsi que 20.000 blessés sur un total de 35.000.

… qui inaugure une période de paix. Cette défaite française est un jour de de joie pour le reste de l'Europe qui avait en partie connu les tentatives de conquête de Napoléon, vu alors comme un tyran. Elle inaugure aussi une période de paix, puisque quatre jours après, Napoléon abdique et est exilé à Saint-Hélène où il meurt en 1821, six ans après la bataille qui aura été son chant du cygne.

 

Écoutez Franck Ferrand faire le récit de la bataille de Waterloo :