Le pouvoir en Guinée équatoriale a estimé vendredi que la condamnation en France du vice-président Teodorin Obiang, reconnu coupable de blanchiment dans le cadre du procès des "biens mal acquis", est "un échec" pour ceux qui voulaient "déstabiliser" le pays.
"Un échec authentique." "La sentence est un échec authentique pour les fausses ONG et opposants dont le seul but a été de déstabiliser les institutions de la Guinée équatoriale", a estimé le parti au pouvoir en Guinée équatoriale, le PDGE, dans un communiqué lu vendredi soir à la télévision d'Etat.
Poursuivi pour s'être frauduleusement bâti en France un patrimoine considérable, Teodorin Obiang a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d'euros d'amende avec sursis. Une peine inférieure à celle requise par le Parquet national financier qui avait réclamé trois ans de prison ferme et une amende ferme de 30 millions d'euros.
Un "abus de force" de la France. "Ce procès n'avait qu'une motivation politique", a déclaré à la télévision nationale l'avocat du vice-président, Sergio Esono Abeso Tomo, estimant qu'il s'agit d'un "abus de force" de la France qui "veut montrer qu'elle est une puissance". "Le vice-président n'est pas menacé d'aller en prison en France. Ni le vice-président ni le gouvernement ne doivent payer de l'argent à la justice française", a voulu rassurer, toujours à la télévision d'Etat, l'ambassadeur de Guinée équatoriale à Paris, Miguel Otono Ndong Mifumu.
Du côté de l'opposition, le jugement n'est "pas à la hauteur des attentes", estime Placido Mico, seul député de l'opposition dite "radicale" dans le pays, joint par l'AFP. Selon lui, la sentence "a été prise pour éviter les problèmes entre la France et la Guinée équatoriale". Même déception du côté de la société civile. Le militant Antonio Obiang, contacté par l'AFP, estime que "la sentence devrait être sévère pour faire taire les futurs détourneurs de fonds de biens publics africains".
Un patrimoine démesuré. L'enquête, ouverte après des plaintes des associations Sherpa et Transparency International, avait mis au jour l'ampleur du patrimoine de Teodorin Obiang : objets d'art, voitures de luxe, ou cet hôtel particulier de 101 pièces, avec hammam et discothèque, décoré de marbre et pourvu de robinets recouverts d'or... Les sommes blanchies en France sont estimées à 150 millions d'euros et le tribunal a également ordonné la confiscation de l'ensemble des biens saisis. La justice suisse s'intéresse également à Teodorin Obiang. Onze véhicules de luxe lui appartenant ont été saisis à Genève en novembre.