La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a rejeté jeudi la décision des Nations unies d'envoyer une mission d'enquête sur les récentes exactions contre la minorité musulmane des Rohingyas, imputées à l'armée, lors d'un discours à l'occasion de sa première année au pouvoir.
Un mission internationale indépendante pour les Rohingyas. Lorsqu' Aung San Suu Kyi, une ancienne dissidente, est arrivée au pouvoir il y a un an, après des années de dictature militaire, les attentes à son égard étaient très fortes. Mais les réformes économiques et sociales tardent à venir et la communauté internationale s'inquiète de plus en plus du sort des Rohingyas.
Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, basé à Genève, a créé vendredi dernier "une mission internationale indépendante" qu'il veut envoyer au plus vite en Birmanie pour enquêter sur les exactions dont ils sont victimes.
"Elle ne convient pas à la situation de notre pays". Mais jeudi soir, Aung San Suu Kyi a déclaré ne pas accepter la décision de l'ONU, "car elle ne convient pas à la situation de notre pays", confirmant ainsi la position du ministère birman des Affaires étrangères. Traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations.
Nettoyage ethnique. L'armée birmane a lancé le 10 octobre une offensive d'envergure dans l'Etat Rakhine, dans l'ouest du pays, où vivent les Rohingyas, après des raids meurtriers de groupes armés contre des postes-frontières. Cette campagne de plusieurs mois a abouti, selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, à un "nettoyage ethnique" et "très probablement" à des crimes contre l'humanité.
Rapportant des récits de meurtres, de viols en réunion et de tortures commis par les soldats birmans, des dizaines de milliers de Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh. La Birmanie mène sa propre enquête sur de possibles crimes contre les Rohingyas.