L'armée israélienne a bombardé dimanche la bande de Gaza, notamment le nord, où les combats acharnés se poursuivent contre le Hamas dans le secteur de Choujaïya et ont poussé des dizaines de milliers de Palestiniens à fuir. La guerre dans le territoire palestinien, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste en Israël le 7 octobre, fait craindre aussi un embrasement au Liban.
Selon un correspondant de l'AFP, de nombreuses frappes aériennes ont visé pendant la nuit la ville de Gaza, dans le nord, ainsi que Rafah et Khan Younès, dans le sud. "Nos forces sont en opération à Rafah, Choujaïya, partout dans la bande de Gaza", a déclaré dimanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, devant le cabinet de guerre. "Des dizaines de terroristes sont éliminés chaque jour. C'est un combat difficile que nous menons au sol, parfois au corps à corps, et aussi sous terre", a-t-il dit.
L'opération menée depuis jeudi par les forces israéliennes à Choujaïya, un quartier est de la ville de Gaza, s'est poursuivie dimanche, selon des témoins et des médecins. L'armée a annoncé y avoir, la veille, "éliminé plusieurs terroristes, découvert des armes, mené des raids ciblés sur des positions de combat piégées" et avoir "frappé des dizaines d'infrastructures terroristes". Elle avait lancé le 7 mai une offensive terrestre à Rafah, une ville frontalière avec l'Égypte alors présentée par Israël comme l'étape finale de la guerre contre le Hamas. Mais les combats ont regagné depuis en intensité dans plusieurs autres régions que l'armée avait affirmé contrôler.
"Notre vie est devenue un enfer"
Entre 60.000 et 80.000 personnes, selon le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), ont fui l'est et le nord-est de la ville de Gaza après l'ordre d'évacuation donné jeudi par l'armée. "Les gens sont piégés dans leurs maisons à Choujaïya. Il est difficile de sortir du quartier sous les bombardements", a témoigné à l'AFP Siham Al-Shawa, âgé de 50 ans. "Notre vie est devenue un enfer", a-t-il ajouté. L'attaque menée par le Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1.195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l'armée. En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son offensive sur la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 37.877 morts, en majorité des civils, dont au moins 43 en 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
La guerre a provoqué des déplacements massifs de population dans le petit territoire assiégé par Israël, où l'eau et la nourriture manquent. Une chargée de mission de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Louise Wateridge, a qualifié vendredi de "désastreuses" les conditions de vie dans le territoire, où l'aide humanitaire arrive au compte-gouttes.
"Rien de nouveau" dans les négociations pour un cessez-le-feu
À Tel-Aviv, des milliers de manifestants se sont à nouveau rassemblés samedi pour réclamer le retour des otages et protester contre Benjamin Netanyahu, très critiqué pour sa gestion de la guerre. Une ex-otage de 26 ans, Noa Argamani, libérée le 8 juin avec trois autres captifs lors d'une opération de l'armée israélienne, a lancé un appel à leur libération dans un message vidéo. "Bien que je sois rentrée chez moi, nous ne pouvons pas oublier les otages qui sont toujours en captivité aux mains du Hamas, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les ramener à la maison", a-t-elle déclaré.
Un plan présenté fin mai par le président américain Joe Biden, proposé selon lui par Israël et prévoyant un cessez-le-feu associé à un échange d'otages et de Palestiniens détenus par Israël, est resté lettre morte face aux exigences inconciliables des deux camps. Un haut responsable du Hamas basé à Beyrouth, Oussama Hamdane, a indiqué samedi que les négociations en vue d'un accord avec Israël sur un cessez-le-feu et la libération des otages n'ont mené à aucune avancée, et qu'une dernière proposition reçue par son mouvement le 24 juin n'apportait "rien de nouveau".
Le Premier ministre israélien a pour sa part affirmé dimanche que la position d'Israël "n'avait pas changé": "Le Hamas est le seul obstacle à la libération de nos otages". Benjamin Netanyahu dit vouloir poursuivre la guerre jusqu'à l'élimination du Hamas et la libération de tous les otages, tandis que le Hamas exige un cessez-le-feu permanent et un retrait israélien de Gaza. Les craintes de voir le conflit se propager au Liban se sont récemment amplifiées avec des menaces échangées par Israël et le Hezbollah, un puissant mouvement islamiste allié du Hamas et soutenu par l'Iran.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait averti le 19 juin "qu'aucun lieu" en Israël ne serait épargné en cas de guerre, après l'annonce par l'armée qu'elle avait "validé" des "plans opérationnels" pour une offensive au Liban. Depuis le 7 octobre, les échanges de tirs sont presque quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah à la frontière israélo-libanaise et ont poussé à la fuite des dizaines de milliers d'habitants des zones frontalières dans le sud du Liban et le nord d'Israël.