Bouclier antimissiles européen : Emmanuel Macron n'est «pas sûr» qu'il «protège totalement» face à Moscou

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avec AFP // Crédit photo : Bertrand GUAY / AFP
Le président de la République, Emmanuel Macron, s'est dit disposé à étudier la mise en place d'un "bouclier antimissile" européen. Il a également précisé, ce vendredi, ne pas être "sûr qu'il y ait quelques boucliers antimissiles que ce soit qui protège totalement face aux missiles russes ou qui dissuadent". 

Emmanuel Macron, qui s'est dit disposé à étudier la pertinence d'un "bouclier antimissile" européen, a précisé vendredi ne pas être "sûr" que cela "protège totalement" face à la Russie, plaidant pour une réflexion stratégique en Europe qui intègre aussi la "dissuasion nucléaire". Dans son grand discours sur l'Europe jeudi à la Sorbonne, le chef de l'État français a annoncé son intention d'ouvrir, avec les partenaires européens, des discussions pour bâtir un "concept stratégique" de "défense européenne crédible".

L'Europe est "le continent qui peut être touché demain par les missiles" de la Russie

L'objectif, c'est que le Vieux Continent puisse se "défendre", "avec ses alliés à chaque fois qu'ils sont prêts à le faire, et seuls si c'est nécessaire". "Est-ce que pour ça, il nous faut un bouclier antimissile, peut-être ?", a-t-il ajouté dans ce discours, estimant que la dissuasion nucléaire française était "par essence un élément incontournable de la défense du continent européen". Son ouverture sur le bouclier antimissile a pu être interprétée comme un pas vers l'Allemagne, qui a lancé le projet "Euro Sky Shield" auquel Paris s'oppose.

Berlin a déjà rallié une vingtaine d'autres pays en Europe à cette initiative qui profitera des technologies américaines, israéliennes et allemandes, mais n'aura aucun équipement de fabrication française. L'Europe est "le continent qui peut être touché demain par les missiles" de la Russie, qui "redevient une puissance désinhibée", a dit vendredi Emmanuel Macron à des journalistes en marge d'un déplacement à Strasbourg.

 

"Le débat levé par les Allemands, qui plus est parce qu'ils n'ont pas la dissuasion nucléaire, il est légitime", a-t-il ajouté. "Simplement, est-ce que c'est la bonne réponse ? Je ne suis pas sûr qu'il y ait quelques boucliers antimissiles que ce soit qui protège totalement face aux missiles russes ou qui dissuadent", a-t-il aussitôt nuancé. "Est-ce que c'est suffisant, pertinent", "crédible" ?, a-t-il ajouté. Selon le président français, "c'est un ensemble" : "avoir des tirs de longue portée nous-mêmes pour dissuader", "avoir en effet des boucliers, des dômes" comme le propose l'Allemagne, "et intégrer la question de la dissuasion dans cette réflexion". 

Il faut selon lui avoir une "réflexion stratégique" et "clarifier le concept" avant de se pencher sur les "capacités" en armement, évoquant à cet égard "une petite différence" avec l'approche allemande. La France est le seul pays de l'Union européenne à être doté de l'arme nucléaire. Lors d'une visite en Suède en janvier, Emmanuel Macron avait réaffirmé qu'elle avait à ce titre "une responsabilité particulière", d'autant plus que les "intérêts vitaux" français susceptibles d'être défendus par cette dissuasion nucléaire "sont en partie essentiellement européens".