Durant sa campagne, Donald Trump a courtisé activement les hommes, en particulier les plus jeunes via une rhétorique masculiniste et des rencontres avec des influenceurs suivis par de très nombreux hommes. Une stratégie payante pour le président-élu.
Donald Trump a mené une campagne viriliste, courtisant activement les hommes et en particulier les plus jeunes, grâce notamment à sa participation à de nombreux podcasts, une stratégie payante. La question du soutien des femmes à Kamala Harris a fait couler beaucoup d'encre pendant les semaines de campagne. Et les équipes de la démocrate, qui a énormément misé sur le droit à l'avortement, comptaient d'ailleurs sur une mobilisation de l'électorat féminin. Un pari raté.
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Une rhétorique masculiniste payante auprès d'une partie des jeunes
A l'inverse, Donald Trump et ses soutiens ont misé sur une rhétorique masculiniste et des rencontres avec des influenceurs fondus de sports violents et de cryptomonnaies, des podcasteurs suivis par des millions de jeunes hommes... Et cela a porté ses fruits. "Si vous êtes un homme dans ce pays et que vous ne votez pas pour Donald Trump, vous n'êtes pas un homme", avait expliqué, sans ambages, l'influenceur Charlie Kirk.
D'autres soutiens du républicains, notamment le milliardaire Elon Musk, n'ont pas hésité à appeler les hommes à voter en grand nombre en réponse au soutien attendu des femmes à Kamala Harris. Quelques heures avant le résultat, l'homme le plus riche du monde et grand allié du républicain, a d'ailleurs lâché sur X : "La cavalerie est arrivée. Les hommes votent en nombre record. Ils réalisent désormais que tout est en jeu".
"Il y a beaucoup de sexisme latent dans l'électorat américain, hommes et femmes confondus", estime auprès de l'AFP Tammy Vigil, professeure à l'université de Boston. "Et la campagne de Trump a permis aux gens de se laisser aller à leurs pires impulsions", ajoute-t-elle. Au bout du compte, 54% des hommes ont soutenu Trump en 2024, contre 51% en 2020, une courte progression.
Mais dans le détail, c'est surtout chez les jeunes électeurs que des bouleversements ont été importants. Car le virilisme brut a semblé un argument de campagne payant au moins auprès d'une partie des plus jeunes.
"Vu comme un 'leader'"
Selon les sondages de sortie des urnes menés par la chaîne NBC, 49% des hommes de 18 à 29 ans ont voté pour le républicain contre 47% pour Kamala Harris alors que les plus jeunes sont traditionnellement plus à gauche. A l'opposé, 37% des femmes de cette tranche d'âge ont voté Donald Trump alors qu'elles sont 61% à avoir plébiscité la démocrate. Il s'agit du plus grand différentiel constaté par groupe d'âge sur cette élection.
Pour Spencer Thomas, un électeur démocrate afro-américain venu écouter le discours de défaite de Kamala Harris à Washington, "la plupart des hommes qui ont voté pour Trump, et en particulier les hommes noirs, n'ont pas pris en compte la gravité des effets que sa politique aura sur les femmes". Pour cet étudiant, l'importance des questions économiques dans leur choix a également joué, car le républicain est perçu comme plus solide dans le domaine.
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Le discours sur la masculinité de Donald Trump "visait à séduire sa base, les femmes et les hommes, qui l'aiment parce qu'ils pensent qu'il est +dur+ et un +leader+ et ne sont manifestement pas offensés par les choses qu'il dit", estime Kathleen Dolan de l'université du Wisconsin. Mais par ailleurs, certains "hommes noirs et latinos ont pu ignorer le racisme de la campagne de Trump parce que ce dernier faisait appel à leur sens du machisme", explique Tammy Vigil.
Environ trois hommes noirs sur dix âgés de moins de 45 ans ont voté pour Donald Trump, soit à peu près le double de l'élection de 2020, lui permettant de puiser dans un groupe clé pour les démocrates. Quant aux hommes latinos, ils ont moins soutenu les démocrates qu'en 2020. Selon une enquête d'Edison Research à la sortie des urnes, l'ex-président a fortement progressé chez les hommes latinos, qui ont voté pour lui à 54%, contre 44% pour les démocrates. Un gain de 18 points de pourcentage par rapport à 2020.