Les députés brésiliens ont ouvert dimanche à Brasilia une session historique lors de laquelle ils vont voter sur la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff, dans une atmosphère survoltée et confuse. "Je déclare la session ouverte, sous la protection de Dieu et au nom du peuple brésilien", a déclaré le président du Congrès des députés Eduardo Cunha, farouche adversaire de Dilma Rousseff. "Il n'y aura pas de coup d'Etat ! Il n'y aura pas de coup d'Etat !", criaient les députés de la gauche au pouvoir. "Je suis Brésilien, avec orgueil, et je joue sans peur", chantaient les députés de l'opposition ceints d'écharpes jaunes et vertes, reprenant l'hymne des supporteurs brésiliens pendant la Coupe du monde de football.
Le Sénat aura le dernier mot. Les députés vont voter pour approuver ou non l'ouverture par le Sénat d'un procès en destitution de l'impopulaire dirigeante de gauche, au pouvoir depuis 2010 et accusée par l'opposition de maquillage des comptes publics pour favoriser sa réélection en 2014. L'opposition devra s'assurer de deux tiers des votes des membres de la chambre basse (342 sur 513) pour que la procédure de destitution soit soumise à l'approbation du Sénat, qui aura le dernier mot. Dans le cas contraire la procédure sera automatiquement enterrée. Elle a déjà annoncé qu'elle proposerait immédiatement "un grand pacte national sans vainqueur ni perdant" pour sortir Le Brésil de l'ornière. Une défaite compromettrait en revanche très sérieusement son avenir politique.
10 secondes pour annoncer son vote. Il suffirait en effet d'un vote à la majorité simple des sénateurs, en mai, pour qu'elle soit mise formellement en accusation et écartée du pouvoir pendant au maximum six mois dans l'attente d'un jugement final. Son ancien allié centriste, le vice-président Michel Temer, 75 ans, qui brigue désormais ouvertement son fauteuil, la remplacerait dans l'intervalle et formerait un gouvernement de transition. Chaque député a dix secondes pour annoncer publiquement son vote. Le résultat est attendu vers 21h (01h GMT). A Brasilia, jusqu'à 300.000 brésiliens étaient attendus devant le Congrès des députés pour suivre le vote en direct sur des écrans géants. Symbole d'un pays coupé en deux, une imposante barrière d'un kilomètre de long et deux mètres de hauteur a été plantée devant l'assemblée pour séparer les opposants en vert et jaune des partisans en rouge de la présidente.