Une commission parlementaire a recommandé lundi la destitution de Dilma Rousseff, infligeant à la présidente du Brésil un revers attendu mais inquiétant à quelques jours du vote crucial de l'assemblée plénière des députés.
Onze heures de débats. Formée de 65 députés, la commission spéciale sur l'"impeachment" de l'impopulaire dirigeante de gauche a approuvé à la majorité de ses membres un rapport non contraignant préconisant aux députés de voter la poursuite du processus de destitution devant le Sénat, qui aura le dernier mot.
Au terme d'une séance houleuse de onze heures ponctuée d'invectives et d'insultes, 38 députés de cette commission ont voté pour la poursuite du processus de destitution, et 27 contre. "Putschistes !" hurlaient les députés de gauche à l'adresse de ceux de l'opposition de droite qui vociféraient en retour "Dehors Dilma !" ou entonnaient l'hymne national à gorge déployée.
Le Sénat aura le dernier mot. Le rapport de la commission spéciale sera soumis à partir de vendredi à la Chambre des députés, dont le vote pourrait intervenir dimanche ou lundi prochains. Un vote de deux tiers des députés (342 sur 513) sera requis pour que la procédure se poursuive, faute de quoi elle serait définitivement enterrée. Si la procédure franchit ce cap, le Sénat devra approuver ou non à la majorité simple la mise en accusation de la présidente, qui serait alors écartée du pouvoir pendant un délai maximum de 180 jours, en attendant un vote définitif sur sa destitution nécessitant les deux tiers des suffrages des sénateurs.
Pour Lula, des "putschistes". "Je n'aurais jamais imaginé que ma génération verrait des putschistes en train d'essayer de renverser une présidente démocratiquement élue", a fustigé lundi soir Lula, après avoir désigné nommément le vice-président Michel Temer, qui assurerait la présidence par intérim en cas de destitution, et le président de la Chambre des députés Eduardo Cunha.