Un vote franc. La séance à l’Assemblée brésilienne dans la nuit de dimanche à lundi a été très houleuse. Il y a eu des insultes, des empoignades et au final, un vote franc et massif des députés en faveur de la destitution de la présidente Dilma Rousseff. "La présidente a maquillé les comptes de l’Etat durant l’année 2013 pour faciliter sa réélection en 2014. Mais aujourd’hui, le vote des députés révèle surtout des interrogations sur la personnalité de la présidente et sur le fait qu’elle n’a jamais voulu avoir une relation avec les parlementaires", a expliqué le politologue Gaspard Estrada sur Europe 1 lundi matin.
"Un pays, deux narrations". Pour le directeur exécutif de l’Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes de Sciences-Po Paris, il existe "deux narrations" au Brésil. "Il y a tout d'abord celle du gouvernement qui veut galvaniser les militants et de l’autre côté, une population qui réclame des changements dans l’économie", a-t-il préciser avant d'ajouter que "le Brésil a eu une croissance négative de -4% en 2015 et le chômage a doublé en un an".
"Peu de personnes sont innocentes". Le pays est donc en récession et les Brésiliens sont exaspérés par la crise économique et politique qui secoue leur pays. Car, que ce soit Dilma Rousseff ou son mentor Lula, toute la classe politique est accusée de corruption au Brésil. Gaspard Estrada s'est voulu, lui, un peu moins catégorique : "il y a aujourd’hui une bonne partie de la classe politique brésilienne qui est soupçonnée de tremper dans des affaires de corruption et il y a également 150 parlementaires qui sont soupçonnés de corruption par la justice. Mais tout le paradoxe est là : il n’y a aucune affaire qui met directement en cause la présidente Dilma Rousseff. Et, dans le vote qu’il y a eu hier à l’Assemblée, peu de personnes sont innocentes".
Si la destitution de la présidente Dilma Rousseff se confirme, le nouveau gouvernement va donc devoir "trouver les bons mots pour essayer de décrisper la population brésilienne", a affirmé le spécialiste du Brésil qui assure que "le consensus va être très difficile à trouver". En conséquence, pour Gaspard Estrada, "on peut s’attendre à des manifestations d’envergure au Brésil".