Le président élu du Brésil Jair Bolsonaro a laissé entendre jeudi lors d'un entretien télévisé qu'il pourrait revenir sur l'idée controversée de fusionner les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, son deuxième rétropédalage sur le sujet en une semaine. "Il y avait une idée de fusion, mais il semble qu'elle sera modifiée. Tout porte à croire que ce seront deux ministères distincts", a affirmé le futur chef de l'Etat dans un entretien accordé à plusieurs chaînes catholiques. "Le Brésil est le pays qui protège le mieux l'environnement. Nous avons l'intention de protéger l'environnement, mais sans que cela entrave le progrès", a ajouté le président élu d'extrême droite.
Inquiétudes de l'agro-business sur de possibles sanctions. L'idée de fusion de ces deux ministères a provoqué un tollé dans les milieux écologiques. Les organisations de défense de l'environnement considèrent que cette fusion reviendrait à abandonner la protection de l'exceptionnelle biodiversité du Brésil et de la forêt amazonienne, le "poumon de la planète", aux intérêts du puissant lobby de l'agro-business, soutien important de Bolsonaro. Des représentants de ce lobby ont eux-mêmes manifesté leur inquiétude, craignant des sanctions commerciales sur les produits agricoles brésiliens de la part de pays inquiets de la préservation de l'environnement. "Fragiliser l'autorité du ministère de l'Environnement, à un moment où augmente la préoccupation face à la crise climatique, est imprudent", avait réagi mercredi le ministre actuel de l'Agriculture Blairo Maggi.
Réduire le nombre de ministères. Mardi, Onyx Lorenzoni, futur chef du gouvernement Bolsonaro, avait pourtant dans un premier temps confirmé que cette fusion aurait lieu "comme prévu au départ", l'idée faisant partie du programme officiel de campagne. Mais Jai Bolsonaro lui-même avait initié un premier rétropédalage il y a une semaine, quatre jours avant son élection, en affirmant qu'il était "ouvert à la négociation" sur ce sujet. L'administration Bolsonaro prendra ses fonctions en janvier, avec une quinzaine de ministères, moitié moins que dans la configuration actuelle. Pour permettre ce dégraissage, d'autres fusions sont prévues, avec notamment la création de "super ministères" de l'Économie, englobant les Finances, le Plan, l'industrie et le Commerce extérieur, ainsi que de la Justice, à laquelle sera aussi associée la Sécurité publique.