L'ex-ministre des Finances brésilien Antonio Palocci a affirmé mercredi à la justice que l'ex-président Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010) avait passé "un pacte du sang" entre son Parti des travailleurs (PT) et l'entreprise Odebrecht, au coeur du scandale de corruption du géant pétrolier d'État Petrobras.
Déjà condamné pour détournement de fonds. Antonio Palocci, ancien homme fort des gouvernements de gauche des président Luiz Inácio Lula da Silva et Dilma Rousseff (2011-2016), a été condamné à plus de 12 ans de prison pour corruption, accusé d'avoir détourné plus de 10 millions de dollars pour financer des campagnes politiques. Emprisonné depuis septembre 2016, Antonio Palocci a effectué cette confession devant le juge Sergio Moro, qui a déjà condamné Lula à neuf ans et demi de prison pour corruption passive et blanchiment d'argent.
"Une sorte de pacte de sang". "Odebrecht a passé une sorte de pacte du sang avec le président Lula. Dans les derniers jours de son deuxième mandat, il lui a apporté un paquet de pots-de-vin", a affirmé Antonio Palocci. L'offre présentée par Emilio Odebrecht, ancien président de l'entreprise de construction, comprenait "la mise à disposition pour les activités politiques de Lula de 300 millions de reais", soit 171 millions de dollars au taux de change de 2010.
"J'étais en état de choc", a déclaré Antonio Palocci dans une des vidéos diffusées par le tribunal du juge Moro, considéré par de nombreux Brésiliens comme une icône dans la lutte contre la corruption. Palocci a déclaré qu'il avait été informé de ce pacte par Lula lui-même, au Palais d'Alvorada, la résidence présidentielle : "Il s'était également montré un peu surpris et avait dit : 'Il (Emilio Odebrecht) a fait cela parce qu'il se méfie beaucoup de Dilma'".
Dilma Rousseff également impliquée ? Ministre des Finances de Lula et chef de cabinet de Dilma Rousseff, Antonio Palocci affirme avoir recommandé à Lula de ne pas accepter cette proposition. Mais, selon l'ancien fonctionnaire, Lula aurait rencontré Odebrecht avec Rousseff et aurait dit à la présidente alors élue "de préserver les relations [avec Odebrecht] sous tous leurs aspects, légaux et illégaux".
Des accusations récusées. Sur sa page Facebook, Lula a réfuté ces accusations. "L'histoire que raconte Antonio Palocci contredit d'autres témoignages". Il note que le récit de l'ancien ministre "ne peut être compris que dans le contexte d'un homme emprisonné et condamné dans d'autres procès par le juge Sergio Moro", et qui tenterait de négocier une trahison récompensée "qui exige que les fausses accusations soient justifiées sans preuves contre l'ancien président Lula".
Lula, qui dans une semaine va témoigner devant le juge Moro pour un autre procès, est confronté à cinq autres affaires. L'ancien dirigeant syndical, qui a quitté la présidence avec une popularité record, cherche à se présenter à la présidentielle d'octobre 2018. Mais si sa condamnation pour corruption passive est confirmée en deuxième instance, il ne pourra se représenter.