Angela Merkel a prévenu jeudi les Britanniques qu'ils ne pourraient espérer avoir les mêmes droits qu'un pays membre de l'UE après le Brexit, critiquant certaines "illusions" en ce sens au Royaume-Uni à l'heure actuelle.
Que les Britanniques ne se fassent aucune illusion. "Un pays tiers ne bénéficiera pas des mêmes droits, ou de droits plus avantageux, qu'un pays membre" de l'Union européenne, a déclaré la chancelière allemande devant la chambre des députés à Berlin, avant un sommet européen qui doit fixer les lignes rouges de l'UE dans les négociations avec Londres sur le Brexit.
"Peut-être pensez-vous que tout ceci est évident, mais je dois malheureusement le dire aussi clairement car j'ai le sentiment que certains en Grande-Bretagne se font encore à ce sujet des illusions", a ajouté Angela Merkel. Croire que le Royaume-Uni pourrait obtenir des avantages peu ou prou équivalents, après sa sortie de l'UE, à ceux dont il bénéficie aujourd'hui "serait du temps perdu", a-t-elle insisté.
Un accès réduit au marché unique. La chancelière a dit s'attendre à des négociations "difficiles" dans les mois à venir. "Cela ne fait pas de doute", a-t-elle affirmé. L'Allemagne et les autres pays européens n'entendent pas donner à la Grande-Bretagne un accès plein et entier au marché intérieur de l'UE sans maintien d'une libre circulation des citoyens européens au Royaume-Uni. Ce que Londres refuse.
"On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre". La question du statut du secteur financier britannique, avec la puissante City de Londres, est aussi au centre des débats. "Ce qui ne peut fonctionner, c'est un accès au marché intérieur sans libre circulation [des citoyens, ndlr] ou un accès des institutions financières britanniques au marché financier européen pendant que Londres procède à une dérégulation massive" pour attirer les investisseurs, a indiqué un des secrétaires d'État allemands aux Finances, Jens Spahn. "On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre", a-t-il dit.
Une facture de 60 milliards d'euros ? Un autre sujet de discorde à venir porte sur la facture que Londres devra régler pour sortir de l'UE. Sur ce point, la chancelière a jugé que "les négociations doivent dès le départ inclure la question des obligations financières de la Grande-Bretagne, y compris après le Brexit". Cette facture a été évaluée côté européen à environ 60 milliards d'euros, mais des responsables britanniques ont laissé entendre qu'ils n'avaient pas l'intention de payer un tel montant.
D'abord les conditions de sortie puis les nouvelles relations. Angela Merkel a aussi réaffirmé que les discussions sur les conditions de la sortie de l'UE devaient d'abord être résolues "de manière satisfaisante" avant d'aborder le cadre des relations futures entre la Grande-Bretagne et l'UE, alors que Londres préférerait mener les deux de front. Cette chronologie est "irréversible", a affirmé la chancelière allemande. L'UE espère entamer les négociations sur l'article 50 après les élections générales anticipées prévues au Royaume-Uni le 8 juin. Ce scrutin a été convoqué par Theresa May, qui espère en sortir renforcée pour négocier le Brexit.