La Commission européenne s'apprête mardi à proposer de nouvelles règles qui pourraient obliger une grande partie des activités financières londoniennes à déménager vers l'UE après le Brexit, au grand dam de la City. Il s'agit d'une question particulièrement sensible alors que la Grande-Bretagne et l'UE espèrent entamer très prochainement leurs négociations sur le Brexit, quelques jours après les élections législatives britanniques où les conservateurs de la Première ministre Theresa May ont perdu leur majorité absolue au Parlement.
Les chambres de compensation dans le viseur. Ces nouvelles règles, présentées mardi par le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, devront ensuite être entérinées après d'éventuels amendements par les Etats membres de l'Union et le Parlement européen. Les chambres de compensation, rouages incontournables de la finance dont l'activité est réputée lucrative, sont au cœur de ces propositions. Ces sociétés s'intercalent entre un vendeur et un acheteur pour sécuriser une transaction et se rémunèrent pour ce service. Elles participent ainsi à la stabilité du système financier et à la réduction du risque systémique. Or, la très grande majorité des produits dérivés libellés en euros sont actuellement compensés à Londres.
Début mai, Dombrovskis avait évoqué deux options possibles avant la présentation de son projet : soit améliorer les pouvoirs de supervision des autorités de l'UE concernant les entités d'un pays tiers (donc celles de la Grande-Bretagne, une fois celle-ci sortie de l'UE), soit relocaliser dans l'UE des chambres de compensation dont l'importance systémique est majeure pour l'Union. L'exécutif européen avait ensuite engagé des négociations avec toutes les parties concernées, qui n'ont visiblement pas du tout convaincu le groupe boursier britannique London Stock Exchange (LSE), propriétaire de LCH, la plus grande chambre de compensation en Grande-Bretagne.
"Cela va être le chaos." Dans un entretien paru ce week-end dans le journal britannique Sunday Telegraph, le directeur général de LCH, le Français Xavier Rolet, s'emportait : "Cela va être le chaos complet. On n'a pas réfléchi à toutes les conséquences." Il estimait notamment que les consultations avec les autorités européennes auraient dû durer plus d'un mois.
Il y a un mois, Miles Celic, chef exécutif de la City, avait déjà laissé éclater sa rage : "Une relocalisation forcée des activités de compensation d'instruments libellés en euros conduirait à perturber, fragmenter et rendre le marché plus incertain." "Ce serait dommageable aussi bien pour les gens et les affaires en Grande-Bretagne et en Europe. Ce n'est dans l'intérêt de personne et cela peut être évité", avait-il dit.