Quel sera le visage de l'Union européenne à 27 ? C'est l'une des questions qui était au cœur du premier sommet européen post-Brexit. Les chefs d'Etat et de gouvernement s'étaient donné rendez-vous mardi à Bruxelles pour presser notamment le Royaume-Uni de déclencher la procédure de divorce sans perdre de temps. De son côté, le Parlement européen a réclamé en fin de matinée l'activation "dès que possible" de la procédure de retrait du Royaume-Uni de l'UE.
Mercredi, les chefs d'Etat et de gouvernements de l'Union européenne se réuniront à nouveau pour parler Brexit.
Les temps forts de la journée
• Le Parlement européen a réclamé l'activation "dès que possible" de la procédure de retrait du Royaume-Uni de l'UE
• Angela Merkel a estimé que Londres ne pourra pas "choisir à la carte" ce qu'elle veut de l'UE
• David Cameron a souhaité que l'UE et son pays aient "une relation aussi étroite que possible", il a dit ne pas regretter la tenue du référendum
• Le Brexit au menu du sommet européen à Bruxelles
L'appel de Juncker. Premier à se lancer sur le Brexit : Jean-Claude Juncker. Le président de la Commission européenne a exhorté mardi le Royaume-Uni à "clarifier le plus rapidement possible la situation" après le "Brexit", excluant toute négociation avec Londres avant la notification de sa future sortie de l'UE. "Nous ne pouvons pas nous installer dans une incertitude prolongée (...) Je voudrais que le Royaume-Uni clarifie sa position, pas aujourd'hui, pas demain matin, mais rapidement", a insisté Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen.
Ce dernier en a aussi profité pour tacler Nigel Farage, le chef du Ukip qui a mené campagne en faveur du Brexit. "Je suis surpris de vous voir ici", lui a-t-il lancé, avant de poursuivre : "Vous vous êtes battu pour la sortie du Royaume-Uni, les Britanniques ont voté pour... Que faites-vous ici ?"
La conviction de Merkel. De son côté, la chancelière Angela Merkel a assuré devant les députés allemands que l'Union européenne était "assez forte pour survivre au départ du Royaume-Uni. Mais cette dernière a aussi affirmé que Londres ne pourra pas "choisir à la carte" ce qu'elle veut de l'UE. "On s'assurera que les négociations ne se déroulent pas selon le principe du 'choix à la carte'. (...) celui qui sort de la famille ne peut pas s'attendre à ce que tous ses devoirs disparaissent et que ses privilèges soient maintenus", a-t-elle dit devant le Bundestag.
Matteo Renzi était sur la même ligne. "Il n'est pas possible d'appartenir à une communauté seulement pour les bonnes choses et sans les mauvaises choses" a affirmé le Premier ministre italien, mardi soir sur CNN.
Le président du conseil européen Donald Tusk a lui annoncé dans la foulée qu'il allait "proposer un sommet informel en septembre" à 27 sur l'avenir de l'Union européenne, sans le Royaume-Uni, probablement à Bratislava, en Slovaquie.
Le souhait de Cameron. David Cameron, qui a emboîté le pas à Angela Merkel, a lui plaidé pour que la sortie de l'UE soit négociée de manière "aussi constructive que possible". "Je veux que cette procédure soit aussi constructive que possible", a déclaré le Premier ministre britannique à son arrivée à Bruxelles. Plus tard, dans la soirée, le Premier ministre britannique a assuré qu'une réforme de la libre circulation des personnes était la "clé" de la future relation avec l'UE, selon un officiel présent à Bruxelles. Il a par ailleurs argué ne pas regretter avoir organisé le référendum. "C'était la bonne chose à faire", a-t-il assuré.
Le "contre-souhait" de Hollande. De son côté, François Hollande a répété la même chose que son Premier ministre. "Il faut engager le plus vite possible la procédure du Royaume-Uni de l'Union européenne", a-t-il déclaré, à son arrivée au européen. Pour y parvenir, les Européens doivent faire preuve de "conviction", a-t-il ajouté, en soulignant : "je n'imagine pas un gouvernement britannique quel qu'il soit ne pas respecter le choix de son propre peuple". Dans la soirée, le président français a indiqué que le Royaume Uni allait supporter "l'essentiel du coût économique de sa décision." "L'Europe peut éviter cet impact par l'action de la BCE".
• Et pendant ce temps-là en France...
La détermination de Valls. En France, le Parlement a organisé un débat sur les conséquences du Brexit. Le Premier ministre, Manuel Valls, a pris la parole devant l'Assemblée nationale, expliquant que "ce vote montre le malaise des peuples" qui "doutent de plus en plus de l'Europe". Le chef du gouvernement a aussi affiché sa fermeté vis-à-vis des leaders britanniques qui veulent prendre leur temps pour acter le divorce avec l'UE. "Ce n'est pas le parti conservateur britannique qui doit imposer son agenda", a-t-il déclaré dans une adresse à David Cameron.
Les "dix mois horribles" de Sarkozy. Dans le camp d'en face, Nicolas Sarkozy a affirmé devant les députés Les Républicains qu'il fallait "s'attendre à dix mois horribles" d'ici la présidentielle de 2017, suite au Brexit. Selon le président du parti Les Républicains, "François Hollande et Angela Merkel n'ont jamais pris d'initiative seule en pareilles circonstances, alors que les Britanniques vont prendre tout leur temps pour quitter l'Union européenne".
• Et au Royaume-Uni...
La nomination du successeur de Cameron repoussée. Le nom du successeur du Premier ministre britannique David Cameron sera connu le 9 septembre, a annoncé mardi le parti conservateur, qui a ainsi repoussé la date d'au moins une semaine.
La défiance envers Corbyn. Le chef du parti travailliste Jeremy Corbyn a perdu mardi un vote de confiance de son parti qui l'accuse de ne pas avoir assez fait campagne pour un maintien dans l'Union européenne.