Les Lords ont infligé mardi un nouveau revers au gouvernement britannique en approuvant un second amendement au projet de loi sur l'activation du Brexit, réclamant un vote du parlement sur le résultat des négociations avec l'Union européenne. La Chambre des Lords, qui doit donner dans la soirée son feu vert au projet de loi, exige que les parlementaires aient, à l'issue des discussions, le dernier mot sur l'accord final et tous les accords commerciaux futurs avec l'UE.
Deux amendements controversés. Les membres non élus de la chambre haute du Parlement ont, comme attendu, adopté l'amendement, défendu par les travaillistes, les libéraux-démocrates et plusieurs pairs conservateurs, par 366 voix contre 268. Le projet de loi amendé doit désormais retourner devant la Chambre des Communes qui, après l'avoir approuvé sans réserve en première lecture, se penchera une nouvelle fois sur le texte la semaine prochaine, sans doute le 13 mars. Il est probable que les députés annulent les deux amendements adoptés par les Lords, dont celui voté la semaine dernière et destiné à protéger les droits des trois millions de citoyens européens vivant au Royaume-Uni.
Ne pas laisser le dernier mot au parlement. L'amendement approuvé mardi pourrait en revanche causer des sueurs froides au gouvernement conservateur, qui ne dispose que d'un courte majorité à la Chambre des Communes. Une vingtaine de députés Tories sont susceptibles de le soutenir afin d'offrir, selon les mots d'une des rebelles, Anne Soubry, "un filet de sécurité parlementaire" aux Britanniques sur les conditions du divorce avec l'UE. La Première ministre Theresa May estime qu'il serait imprudent à ce stade de garantir au parlement d'avoir le dernier mot sur le processus du Brexit. Selon elle, cela pourrait encourager l'UE à "proposer un mauvais accord" au Royaume-Uni dans l'espoir que les parlementaires opposent ensuite leur veto à une sortie de l'UE.
Avec ou sans accord. "C'est ridicule", a commenté Dick Newby, chef du parti libéral-démocrate à la Chambre des Lords, en pointant, lui, les dangers d'un Brexit sans accord. "Il faut que ce soit le parlement qui décide s'il faut préférer l'option pas d'accord à un accord offert par l'UE", a insisté David Pannick, à l'origine de l'amendement, lors de débats parfois houleux. Jusque-là, Theresa May a seulement promis aux parlementaires un vote sur la base d'une acceptation ou d'un rejet de l'offre de Bruxelles. Ce qui signifie que s'ils rejettent le projet d'entente, le Royaume-Uni sortira de l'UE sans aucun accord.