D'"intenses" discussions de dernière minute dimanche à Bruxelles n'ont pas suffi à débloquer les négociations sur le départ britannique de l'Union européenne. L'accord du Brexit bute encore et toujours sur le sort de la frontière irlandaise.
"Certaines questions clés encore en suspens". L'espoir d'une percée décisive dans ces tractations au cours du sommet européen qui s'ouvrira mercredi à Bruxelles a été douché dimanche dans la soirée, à moins de six mois de la date du divorce programmé, le 29 mars 2019. "Malgré des efforts intenses, certaines questions clés sont encore en suspens, dont celle du 'filet de sécurité' pour éviter une frontière dure" entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande, a écrit le négociateur en chef européen, le Français Michel Barnier, sur son compte Twitter.
We met today @DominicRaab and UK negotiating team. Despite intense efforts, some key issues are still open, including the backstop for IE/NI to avoid a hard border. I will debrief the EU27 and @Europarl_EN on the #Brexit negotiations.
— Michel Barnier (@MichelBarnier) 14 octobre 2018
Il s'exprimait à l'issue d'une réunion surprise avec le ministre britannique chargé du Brexit, Dominic Raab, dont le déplacement à Bruxelles avait été annoncé à la dernière minute, laissant présager des avancées.
Vers le "scénario d'un no-deal" ? Cela n'aura donc pas suffi et les ambassadeurs des 27 pays européens auprès de l'UE ont été informés dans la soirée par Michel Barnier qu'il n'y aurait plus de négociations d'ici au sommet européen, ont dit plusieurs sources diplomatiques. "Le Royaume-Uni est toujours déterminé à réaliser des progrès au cours du Conseil européen d'octobre", a toutefois assuré en fin de soirée le ministère de Dominic Raab, admettant que la question irlandaise demeurait "irrésolue". "La porte reste ouverte" pour trouver un accord avec les Britanniques, mais plusieurs pays "ont insisté pour que l'UE intensifie désormais sa préparation au scénario d'un no-deal", c'est-à-dire d'un divorce sans accord, a confié un diplomate européen.
May fragilisée par des menaces de démission. La Première ministre britannique Theresa May réunira mardi, à la veille du sommet, ses principaux ministres pour évoquer notamment la question explosive de la frontière entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, devenue la principale pierre d'achoppement des négociations et source de divisions au sein du gouvernement britannique. Plusieurs ministres menacent de démissionner, rapporte la presse britannique, si Theresa May ne revoit pas ses plans.
"Un arrangement douanier provisoire" ? Theresa May propose un "arrangement douanier provisoire" entre le Royaume-Uni et l'UE, jusqu'à l'émergence d'une solution pérenne garantissant qu'il n'y aura pas de retour à une frontière physique. Mais au sein de son parti conservateur, cette option a été balayée par les eurosceptiques, qui craignent qu'elle ne devienne permanente et n'empêche la conclusion d'accords commerciaux avec des pays tiers.
L'UE ne veut pas d'un accès "à la carte" au marché unique. Du côté de l'UE, les négociateurs veulent à tout prix éviter que le Royaume-Uni ne cherche à obtenir un accès "à la carte" au marché unique et à l'espace douanier européen, sans les obligations qui y sont liées. Michel Barnier insiste ainsi pour avoir l'engagement ferme que l'Irlande du Nord seule restera dans l'union douanière et le marché unique, sans date limite, si aucune meilleure solution n'est trouvée dans les futures négociations sur la relation post-Brexit entre l'UE et Londres. Mais ce "filet de sécurité" ("backstop" en anglais) créera une nouvelle frontière de fait, cette fois-ci entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni.