Le patron d'une des principales chaînes de pubs britanniques, ardent supporter du Brexit, a dénoncé mercredi la rediffusion du "projet de la peur" par les partisans d'un compromis avec l'UE, au moment où s'ouvrent les négociations de sortie.
Le retour du "projet de la peur". "De nombreux supporteurs obstinés du maintien dans l'UE, notamment les économistes, rediffusent le projet de la peur, prédisant le pire en l'absence d'accord" de libre-échange entre Londres et Bruxelles, a fustigé Tim Martin, fondateur, président et principal actionnaire de l'entreprise Wetherspoon.
L'expression "projet de la peur" avait été abondamment utilisée par les partisans du Brexit avant le référendum du 23 juin 2016 sur le maintien dans l'Union, afin de moquer les Cassandre qui prédisaient un désastre en cas de vote favorable au départ.
"Arrêtez de lier les mains de nos négociateurs". Tim Martin a dénoncé "l'unanimité quasi complète en faveur d'un accord de libre-échange avec l'UE". "Nous nous en sortirons très bien sans accord commercial, arrêtez de lier les mains de nos négociateurs", a-t-il intimé aux hommes politiques, journalistes, représentants patronaux et économistes jugeant qu'une sortie sans accord commercial équivaudrait à sauter du bord d'une falaise.
Un désir d'accord trop affiché. "Lorsque vous désirez trop fort quelque chose, vous le payez très cher - surtout si votre envie est évidente aux yeux de l'autre partie", a expliqué le patron, dans un commentaire accompagnant un communiqué de résultats de sa société. "Les présidents non-élus de l'UE, Jean-Claude Juncker et Donald Tusk, sont malheureusement convaincus de notre envie désespérée d'obtenir un accord commercial, et sont déterminés à en tirer le prix fort. D'où l'idée d'une facture à payer à l'UE de 50 milliards d'euros, voire de 100 milliards, à laquelle s'ajoute une position de négociation pugnace et antagoniste."
Des échanges commerciaux régis par l'OMC. D'après Tim Martin, le Royaume-Uni doit pouvoir sortir de l'UE sans accord, quitte à ce que les règles de son commerce avec l'UE passent sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce qui régit déjà "le commerce de l'UE avec les États-Unis, la Chine et l'Inde", rappelle-t-il. "Les tarifs douaniers de l'UE soumis aux règles de l'OMC sont assez bas (...) et l'UE ne peut imposer de barrières plus élevées au Royaume-Uni", a-t-il argué.
Sa position contraste avec celle des organisations patronales qui demandent une période de transition pour atténuer les turbulences de la sortie prévue pour fin mars 2019 et un accord commercial. Le gouvernement britannique est divisé sur la question, mais le centre de gravité du pouvoir semble s'être rapproché d'un Brexit plus modéré depuis le revers de Theresa May aux élections législatives du 8 juin.