Ce n'est pas un surprise. La Commission européenne a de nouveau rejeté mercredi le projet de budget 2019 de la coalition populiste au pouvoir en Italie, largement en dehors des clous européens, et ouvert la voie à de possibles sanctions financières.
"Avec ce que le gouvernement italien a mis sur la table, nous voyons un risque que le pays s'enfonce aveuglément dans l'instabilité. L'ouverture d'une 'procédure de déficit excessif' fondée sur la dette est justifiée", a annoncé le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis. Une telle procédure peut aboutir, à terme, à des sanctions financières contre l'Italie.
"Nous répondrons à l'UE poliment". "La lettre de l'UE est arrivée ? J'attends aussi celle du Père Noël", a ironisé le vice-Premier ministre Matteo Salvini, leader de la Ligue (extrême droite) l'un des deux partis de la coalition avec le Mouvement 5 étoiles (M5S). "Nous répondrons à l'UE poliment", a-t-il ajouté.
L'Italie a refusé de revoir sa copie. L'annonce de la Commission était attendue, Bruxelles ayant déjà rejeté fin octobre le projet de budget expansionniste de l'Italie, une première dans l'histoire de l'institution. Mais l'Italie a refusé de revoir sa copie, se lançant dans un bras de fer inédit avec l'UE. "Dans une situation d'endettement très élevé, l'Italie prévoit essentiellement d'importants emprunts supplémentaires au lieu de la prudence budgétaire requise", a relevé mercredi Valdis Dombrovskis.
Des sanctions financières à attendre ? La Commission a publié mercredi un rapport détaillé dans lequel elle estime que le budget de Rome ne lui permettra pas de réduire cette énorme dette, qui s'élève à 130% du PIB. Elle y souligne notamment que le gouvernement italien "prévoit d'opérer une marche arrière importante sur les réformes structurelles propices à la croissance, en particulier les réformes mises en oeuvre par le passé en matière de retraites".
Cette publication constitue une première étape nécessaire vers le lancement d'une "procédure de déficit excessif", qui pourrait être effective en décembre ou janvier au terme d'un processus complexe nécessitant l'approbation des autres Etats membres. Si une telle procédure était effectivement lancée et que l'Italie refusait toujours de modifier son budget, des sanctions financières correspondant à 0,2% de son PIB, soit quelque 3,4 milliards d'euros, pourraient en théorie être prononcées l'été prochain. Mais aux yeux des analystes, de telles sanctions restent assez hypothétiques et seules de fortes tensions sur les marchés financiers pourraient amener le gouvernement italien à revoir son budget.