Burundi : le général Nshimirimana, n°2 du régime, assassiné

Le général Nshimirimana a été tué lors d'une embuscade dans la capitale burundaise. © LANDRY NSHIMIYE / AFP
  • Copié
C.P.-R. avec AFP

Le général Adolphe Nshimirimana, bras droit du président burundais, Pierre Nkurunziza, a été tué dimanche lors d’une attaque à la roquette dans la capitale burundaise.

C’est un événement qui relance les craintes d'une escalade des violences, qui frappent le Burundi depuis trois mois. Dimanche, un intime du président burundais Pierre Nkurunziza, le général Adolphe Nshimirimana, a été tué dans une attaque à la roquette, à Bujumbura, la capitale du pays. 

Sa voiture prise pour cible. Ancien chef d'état-major et souvent présenté comme le n°2 du régime, le général Nshimirimana était, de facto, le patron de la sécurité intérieure. Il a été victime d'une attaque contre sa voiture en début de matinée, selon des témoins. D’après eux, son véhicule a été touché par deux roquettes, puis arrosé à l'arme automatique. 

L’UE inquiète de l’accroissement des violences. Sa mort a été confirmée peu après par le chef de la communication de la présidence, Willy Nyamitwe : "J'ai perdu un frère, un compagnon de lutte, la triste réalité c'est que le général Adolphe Nshimirimana n'est plus de ce monde", a-t-il indiqué dans un message sur Twitter. La police a, par ailleurs, fait état de sept arrestations. 

Dans un communiqué, l'Union européenne s'inquiète, quant à elle, de cette "dangereuse escalade de la violence au Burundi". "Le recours à la violence, quels qu'en soient les auteurs, ne pourra jamais contribuer à sortir le pays de l'impasse politique actuelle", écrit-elle, appelant à la "retenue" et à une reprise du "dialogue". 

"Quelqu'un d'indispensable dans le système". Pour le camp présidentiel, la mort de l'officier supérieur, constitue clairement un choc. "La situation est très grave. Le général Adolphe était quelqu'un d'indispensable dans le système. On est en train de tout mettre en œuvre pour gérer la situation, mais ce n'est pas facile. Nos garçons ont envie de se venger", a affirmé un haut cadre de la présidence. "Ils viennent de déclarer la guerre et ils vont voir ce qu'ils vont voir", a averti de son côté, et sous couvert d'anonymat, un général de l'armée burundaise.

 

Un journaliste arrêté et violemment molesté. A la suite de cet assassinat, le journaliste burundais, et correspondant de l'AFP dans ce pays, Esdras Ndikumana, a été arrêté par les forces de sécurité gouvernementales et roué de coups. Esdras Ndikumana, qui collabore également avec la radio française RFI, prenait des photos sur les lieux de l'attaque quand il a été arrêté par des membres du Service national de renseignement (SNR). 

Retenu deux heures dans leurs locaux avant d’être relâché, il dit avoir été violemment frappé au dos, aux jambes et sur les plantes des pieds, avant d'être relâché et hospitalisé. La directrice de l'Information de l'AFP, Michèle Léridon, s'est déclarée "très choquée" par cette agression hutu CNDD-FDD - aujourd'hui parti présidentiel ultra-majoritaire - sur lesquels s'appuyait le président Nkurunziza.

Un 3e mandat contesté. Le général Nshimirimana avait été évincé de la tête du pouvoir dans le cadre d'un conflit au sein de la hiérarchie militaire, tout en restant incontournable. Il avait ainsi gardé en sous-main le contrôle de l'appareil sécuritaire du pouvoir. Sa disparition intervient une semaine après la proclamation de la victoire à la présidentielle du sortant Pierre Nkurunziza, pour un troisième mandat dénoncé par l'opposition, la société civile et plusieurs pays occidentaux.