Un haut gradé de l'armée burundaise a affirmé mercredi qu'il destituait le président Pierre Nkurunziza dont la candidature à un troisième mandat lors de l'élection du mois prochain provoque depuis près de trois semaines une crise politique sanglante au Burundi. Le chef de l'Etat se trouvait dans la matinée à Dar es Salaam, la capitale de la Tanzanie, pour un sommet régional. Il a depuis repris la route pour Bujumbura, siège du pouvoir burundais, alors que le général putschiste a déclaré avoir fermé les frontières du pays et l'aéroport de la ville. Pour l'heure, la situation est incertaine, le régime assurant que le coup d'Etat "a échoué".
Des soldats ont parallèlement pris position autour du bâtiment de la radiotélévision publique à Bujumbura, la capitale, dont ils ont un temps interdit l'accès. Les médias publics sont pour l'heure toujours sous le contrôle des loyalistes au régime.
Une "plaisanterie" pour les proches du président. "En ce qui concerne l'arrogance et le défi lancé par le président Nkurunziza à la communauté internationale qui lui a conseillé de respecter la constitution et l'accord de paix d'Arusha, le comité pour l'établissement de la concorde nationale décide : le président Nkurunziza est limogé, son gouvernement aussi", a déclaré le général Godefroid Niyombaré. L'officier, qui s'exprimait depuis une caserne de Bujumbura, flanqué d'au moins trois généraux, a ajouté qu'il parlait au nom de plusieurs officiers de l'armée et de la police nationale. Mais un conseiller du président a affirmé que cette déclaration était une "plaisanterie".
Les chefs d'Etat d'Afrique de l'est et Ban Ki-moon réagissent. Le président tanzanien a lu une déclaration commune au nom des parties prenantes du sommet auquel assistait Pierre Nkurunziza, condamnant "le coup d'Etat" au Burundi, ajoutant que "les conditions n'étaient pas propices à des élections au Burundi." Le secrétaire général de l'ONU Ban ki-Moon a également réagi, appelant "toutes les parties à faire preuve de calme et de retenue".
Des troubles depuis plusieurs semaines. En décidant de briguer un troisième mandat, le président burundais a provoqué la colère de l'opposition, qui l'accuse de trahir la Constitution et les accords de paix d'Arusha qui ont mis fin en 2005 à la guerre civile entre Hutus et Tutsis du Burundi. Sa candidature a été toutefois validée par la Cour constitutionnelle.
Plus de 20 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations, le 26 avril, dans des affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre.