François Hollande célèbre le projet pharaonique de l'Egypte. Le pays inaugure jeudi avec faste une seconde voie du canal de Suez, qui va permettre de doubler le trafic à l'horizon 2023 afin de relancer une économie à genoux. Le président français sera ainsi l'invité d'honneur de cette gigantesque cérémonie, avec un défilé aérien et une parade navale, conduite par le président Abdel Fattah al-Sissi. Après des débuts difficiles, les relations entre François Hollande et son homologue égyptien se sont normalisées, pour même devenir un partenariat stratégique depuis quelques mois.
Sissi, de paria à partenaire indispensable. La France et l'Egypte reviennent de loin. En 2013, Abdel Fattah al-Sissi, ancien chef de l'armée, arrive au pouvoir après avoir destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi. Son coup de force en fait un paria sur l'échiquier international. Mais progressivement, Paris a repris le chemin du Caire. L'Egypte est même devenue un partenaire stratégique pour la France. A l'ouest, la Libye sombre dans le chaos depuis de long mois tandis qu'à l'est, l'Etat islamique devient de plus en plus actif. Le pays est ainsi devenu un allié indispensable pour la France dans la lutte contre les djihadistes.
Symbole de ce partenariat : la vente de 24 avions de combat Rafale par la France à l'Egypte, ainsi qu'une frégate et des missiles en février dernier, pour un montant de 5,2 milliards d'euros. Comme un symbole, les trois premiers Rafale et le navire de combat, livrés fin juillet, feront partie de cette gigantesque parade. D'où la présence de François Hollande aux côtés du président al-Sissi, dont l'expansion du canal est un des projets phares.
Les critiques sur la répression mises de côté. Les festivités de l'extension du canal de Suez interviennent donc au moment où l'Egypte veut s'afficher en acteur incontournable sur la scène régionale. Le pays, allié aux occidentaux dans la lutte contre le djihadisme, fait lui-même face à une vague d'attentats sans précédent. La branche égyptienne du groupe djihadiste Etat islamique (EI) a d'ailleurs menacé mercredi d'exécuter dans un délai de 48 heures un Croate travaillant pour un groupe français, enlevé le 22 juillet dans la banlieue du Caire.
Du coup la France, comme de nombreux pays occidentaux, a progressivement tempéré ses critiques sur la répression lancée contre les opposants par le président al-Sissi. Depuis l'éviction de Mohamed Morsi, plus de 1.400 personnes ont été tuées dans la répression, en majorité des manifestants islamistes. Des dizaines de milliers ont été arrêtés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse dénoncés par l'ONU et par de nombreuses associations de défense des droits de l'homme. Reste que pour le président al-Sissi, l'heure est bel et bien au retour en grâce.