Carlos Ghosn a-t-il convaincu ? L'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan s'est exprimé devant plus de 120 journalistes triés sur le volet, ce mercredi à Beyrouth, neuf jours après sa rocambolesque évasion du Japon. Et pour Emmanuel Duteil, chef du service économie d'Europe 1, l'ancien magnat de l'automobile s'est montré "plutôt convaincant", même si ses arguments ne suffiront pas à éteindre l'incendie.
Carlos Ghosn a entamé sa conférence de presse en remerciant sa femme, ses amis, ses avocats, et tous ceux qui l’ont soutenu depuis son arrestation à Tokyo en novembre 2018. Il a raconté cet événement par le détail, revenant ensuite sur ses mois de détention. "J'étais l'otage d'un pays que j'avais servi pendant 17 ans", a-t-il déploré. L'ex patron de Renault-Nissan s'exprimait devant les journalistes du monde entier.
L'affaire, d’après lui, serait un "coup monté" par ceux avec qui il avait longuement travaillé. Son arrestation et sa mise à l'écart immédiate seraient en fait dues aux performances économiques déclinantes du groupe automobile, et à la crainte des Japonais de Nissan de se faire "absorber" par les Français de Renault. Il a d’ailleurs dressé un portrait pour le moins cataclysmique de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi aujourd’hui.
Des arguments "plutôt convaincants"
Carlos Ghosn a été plutôt convaincant. Il s'est présenté devant la presse avec de la documentation et des explications, se référant régulièrement, pendant sa prise de parole, à des documents projetés au mur derrière lui. Il a été extrêmement précis sur les chiffres et les montants que l’on pouvait lui reprocher, glissant ici et là quelques saillies pleines d'ironie.
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Le but de cette conférence était évident : essayer d’expliquer que "l’affaire Carlos Ghosn" était avant tout un complot orchestré parce qu’il gênait, et qu’il fallait l’éliminer pour que la France ne renforce pas son pouvoir chez Nissan. Ses arguments à ce sujet étaient plutôt convaincants. Mais ces quelques explications, si solides qu'elles soient, ne suffiront pas à calmer l’affaire. Le parquet de Tokyo a d'ailleurs immédiatement réagi mercredi, à la fin de la conférence de presse, évoquant des critiques "unilatérales" et "inacceptable" à l'encontre de la justice nippone. Carlos Ghosn s’est dit pour sa part "prêt" à répondre à un procès, si ce procès était équitable.