>> Pendant dix jours, notre reporter parcourt l'Europe du Sud pour comprendre comment nos voisins européens vivent leur déconfinement, la réouverture des frontières, l'approche des vacances, mais aussi prendre le pouls de l’économie locale. Un voyage de l'Italie jusqu'à la Grèce, en passant par les Balkans et la côte Adriatique. Après l'Italie, la Slovénie, la Croatie, la Serbie et la Bulgarie, Jean-Sébastien Soldaïni a franchi la frontière grecque, puis rallié Athènes, avant de se diriger vers Sounion pour boucler ce mini tour d'Europe.
Il est près de 21 heures, j'entends à travers les murs des sonneries de téléphone qui se rapprochent. Chambre après chambre, les "pensionnaires" poussent des cris de joie. Le personnel de l'hôtel où je me trouve confiné est en train d'annoncer à chacun le résultat de son test PCR. Le mien est négatif : je vais pouvoir sortir après 24 heures enfermé dans cette chambre. Le secrétariat général de la Protection Civile m'informe qu'en tant que journaliste, je ne suis pas soumis à l’obligation de me confiner encore sept jours. C’est le régime que doivent suivre les Grecs eux-mêmes en rentrant dans leur pays.
Pour ma part, après une nuit de sommeil, je prends la direction de la pointe sud de l'Attique. C’est la région d’Athènes, là où les habitants de la capitale ont l’habitude d’aller se baigner. À Sounion plus précisément, une petite crique surplombée d’une colline. Au sommet se trouve le temple de Poséidon, construit il y a 2.600 ans. La plage est sans charme. Elle est bondée, mais uniquement d’Athéniens.
La Grèce, "un pays sain"
Les Grecs semblent au même régime que les Croates : seuls les locaux font tourner l'économie du tourisme. Insuffisant, me confie Ianis. Ce restaurateur me montre que tout est prêt dans son établissement, que le personnel est là, un peu réduit certes par rapport à l'an dernier, mais prêt à accueillir les touristes étrangers. Il doute pourtant que lundi, date de levée des restrictions dans une partie de l’Europe, corresponde à une ouverture de vannes : "Les gens ont peur, ils savent que la Grèce est un pays sûr, mais ils ont peur dans leur propre pays, donc ils hésitent à se déplacer", estime-t-il.
Tout les professionnels avec qui je discute lancent le même appel : "Venez en Grèce !" Ils utilisent le même argument : "Nous avons bien géré le coronavirus et nous sommes un pays sain sur ce plan-là."
Retrouvez les précédentes étapes de notre tour d’Europe
• Première étape, Vintimille : si les touristes français ne viennent pas, "on peut fermer"
• Deuxième étape, Milan : se réinventer pour survivre à la crise économique
• Troisième étape, Venise : calme, propre et silencieuse
• Quatrième étape à la frontière slovène : "Une goutte après l'autre, le vase se remplira pour revenir à une situation normale"
• Cinquième étape, en Slovénie : la vie normale...
• Sixième étape, la Croatie : dans l'attente des touristes
• Septième étape, Novi Sad : les contraintes sanitaires balayées
• Huitième étape, Belgrade : les personnes âgées contraintes
Un peu plus loin, Georgios jette un dernier coup d’œil à son hôtel, qui est encore fermé. Le gouvernement a autorisé les établissements saisonniers à ouvrir seulement à partir de lundi. Seuls ceux qui sont ouverts toute l’année ont pu reprendre le 1er juin.
Ce professionnel comprend ce décalage. Cela lui a permis de faire quelques travaux de nettoyage, mais aussi d'acheter tout le matériel pour assainir les chambres. Il utilise des filtres pour la climatisation et un désinfectant-vapeur pour le personnel de chambre. Mais les réservations ne sont pas légion. La date du 15 juin n’a pas encore déclenché le "réflexe Grèce", mais il espère que ce sera le premier choix des voyageurs de dernière minute, ceux qui vont brusquement réaliser qu’il est l'heure de partir en vacances.