Des centaines de Catalans ont commencé dimanche matin à se masser devant les bureaux de vote à Barcelone et d'autres villes pour participer à un référendum d'autodétermination interdit par les autorités espagnoles.
Plusieurs villes. À Barcelone, mais aussi à Gérone, le bastion du président séparatiste catalan Carles Puigdemont ou à Figueras, la ville chère au peintre Dali, ils assuraient être là pour protéger les centres de vote et défendre leur "droit de voter". Le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy et la justice sont décidés à l'interdire, quitte à faire bloquer l'accès aux bureaux de vote par les forces de l'ordre qui ont dit craindre des troubles.
2.300 bureaux de vote. A l'heure où les fêtards terminaient leur nuit hissés sur des talons ou une cannette à la main, des centaines de Barcelonais se levaient exceptionnellement tôt pour "défendre" leurs bureaux de vote, comme Ignacio Sellares, 56 ans, un consultant en fiscalité, rencontré devant le collège Jaume Balmes. "En Catalogne nous en sommes au stade où nous pensons qu'il est essentiel de décider si nous voulons continuer à rester dans l'Etat espagnol", déclarait aussi Pau Valls, âgé de 18 ans et étudiant en philosophie, qui avait décidé la veille de camper devant ce centre de vote, l'un des 2.300 que l'exécutif catalan assure avoir mis en place pour permettre à 5,3 millions de Catalans de s'exprimer.
Des files d'attente. Ailleurs dans Barcelone, face au lycée Vedruna de Gracia qui reçoit des élèves de la maternelle au bac, une cinquaine de personnes patientaient. Certains avaient passé la nuit dans des tentes. D'autres avaient coupé la rue menant à l'établissement à l'aide de conteneurs à poubelle où l'ont lit un seul mot: "votar" (voter). Vers 5h30 (03h30 GMT) des centaines de personnes s'étaient aussi rassemblées devant le centre sportif Sant Julia de Ramis, à Gérone, le bastion du président indépendantiste régional Carles Puidgemont, "protégé" par un tracteur. Des cris et des applaudissements fusaient "Votarem!", nous voterons, entendait-on dans la foule.
L'Espagne, déjà exposée, au nord, à l'indépendantisme d'une partie de la société basque, vit depuis le début du mois de septembre sa pire crise politique depuis presque 40 ans, selon l'avis de tous ses dirigeants: le 6 septembre, le Parlement catalan a adopté une loi pour organiser ce référendum malgré son interdiction, arguant du fait que les indépendantistes le réclament depuis 2012.
Une majorité d'habitants de cette région du nord-est, représentant 19% du PIB, souhaite un référendum légal même s'ils sont plus nombreux à être contre l'indépendance que pour, selon un dernier sondage.