La semaine qui se profile sera-t-elle celle de l'indépendance de la Catalogne ? Chaque jour, le fossé entre Madrid et Barcelone se creuse un peu plus. Alors que Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol, a annoncé vouloir reprendre la main sur toutes les institutions régionales et provoquer des élections, le président du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, a dénoncé samedi soir "la pire attaque envers la constitution catalane depuis Franco".
Difficile de faire preuve d'optimisme avec ce sentiment d'assister au scénario du pire. La tension ne fait qu'augmenter et une question se pose : comment la résistance pacifique que souhaite exercer le camp indépendantiste contre cette mise sous tutelle pourra se dérouler sans incident, alors que l'Etat est déterminé à rétablir la légalité et à mettre fin à ce que Madrid qualifie de "rébellion territoriale" ?
L'Espagne "nous tue". En Catalogne, la parole se libère, ce qui illustre bien cette tension. "On va reculer un temps. Je ne sais pas si ce sera court ou long. J'ai envie de partir de l'Espagne, je n'aime pas l'Espagne. Elle nous tue ! Je suis fatiguée de supporter des gens incultes comme les Espagnols", s'emporte au micro d'Europe 1 Silvia, indépendantiste, en réaction à la suspension de l'autonomie catalane par le gouvernement espagnol. Les indépendantistes n'attendent désormais que la déclaration unilatérale d'indépendance lors d'une session parlementaire prévue la semaine prochaine.
Mais face à cette escalade, certains estiment qu'il n'est pas encore trop tard pour trouver une porte de sortie. Une partie de la gauche espagnole, les socialistes catalans ou encore le grand journal catalan La Vanguardia demandent à Puigdemont de convoquer des élections avant le vote par le Sénat de l'article 155 de la Constitution espagnole, prévu vendredi. Cela éviterait cette mise sous tutelle.
"Ne détruisez pas la cohésion sociale." Dans une tribune publiée dimanche matin, le leader du plus grand syndicat catalan lance un dernier appel à Carles Puigdemont et Mariano Rajoy. "Ne détruisez pas la cohésion sociale. Pensez aux gens et au vivre ensemble", réclame-t-il. Pas certain qu'il soit entendu. Depuis le début de la crise, aucun des deux dirigeants n'a voulu céder.