Au lendemain d'une grève en Catalogne pour dénoncer l'incarcération de dirigeants séparatistes, d'autres responsables indépendantistes devaient être entendus jeudi par la justice espagnole, qui pourrait les placer en détention pour avoir déclaré l'indépendance de la région.
Soupçonnés de rébellion et sédition. La présidente du Parlement catalan Carme Forcadell, 58 ans, et cinq autres élus se retrouveront devant un juge de la Cour suprême de Madrid, Pablo Llarena, à partir de 9h30. Il devra décider s'ils se sont rendus coupables ou non de rébellion, sédition et malversations de fonds, en vue de déclarer l'indépendance. Ils sont soupçonnés d'avoir suivi "une stratégie concertée en vue de déclarer l'indépendance", et ce bien avant la déclaration officielle du Parlement catalan le 27 octobre, déclaration annulée mercredi par la Cour constitutionnelle, dans la plus grave crise qu'ait connue l'Espagne en 40 ans de démocratie.
Un placement en détention provisoire ? Le magistrat, en poste en Catalogne pendant plus de 20 ans et fin connaisseur des affaires catalanes, pourrait décider de les placer en détention provisoire, comme une grande partie des dirigeants indépendantistes catalans qui ont organisé le 1er octobre ce référendum d'autodétermination interdit par la justice.
Le président de la région destitué par Madrid, Carles Puigdemont, poursuivi par la justice espagnole pour rébellion et sédition, a lui quitté le pays depuis une dizaine de jours pour la Belgique, où la justice examine un mandat d'arrêt européen à la demande de l'Espagne. Quatre membres de son gouvernement destitué l'ont accompagné dans son exil belge.
Un délit passible de 15 à 30 ans de prison. Carme Forcadell, 58 ans, indépendantiste de la première heure, et les cinq autres élus, avaient obtenu le 2 novembre une semaine supplémentaire pour préparer leur défense. C'est Carme Forcadell qui avait compté, un à un, les bulletins des élus qui avaient voté pour la sécession, 70 sur 135, un fait sans précédent en Espagne. Le délit de rébellion est passible en Espagne de 15 à 30 ans de prison, et celui de sédition d'un maximum de 15 ans.
Des "prisonniers politiques". Cette judiciarisation de la crise catalane a entraîné de nombreuses manifestations des indépendantistes catalans, qui estiment que leurs chefs de file sont désormais des "prisonniers politiques", au moment où ils doivent préparer les élections régionales convoquées par le gouvernement central pour le 21 décembre.
Mercredi, des dizaines de milliers de passagers et des centaines de camions, en particulier en partance vers la France, ont été bloqués en Catalogne par des indépendantistes répondant à l'appel à la grève d'une confédération syndicale et d'associations séparatistes qui ont bloqué des routes, des gares et des sites touristiques aux cris de "Liberté ! Liberté !".