Alors que le roi d’Espagne Felipe VI a dénoncé vendredi une "inacceptable tentative de sécession", en référence à la Catalogne, en pleine fièvre indépendantiste, le gouvernement espagnol doit dévoiler samedi matin, à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire, les mesures qu'il compte prendre pour mettre la la région sous tutelle. Mais cette suspension de l'autonomie s'annonce particulièrement délicate et risquée.
Une situation inédite. Le chef du gouvernement espagnol se serait bien passé d’une mesure si lourde de conséquences. Jamais en quarante ans de démocratie, l’Etat n’avait eu a reprendre la main sur une région. Mariano Rajoy avance donc en terrain inconnu, conscient de la colère que cela va provoquer dans une société catalane déjà traversée par de très fortes tensions.
"Nous avons tout essayé pour éviter une situation difficile. Mais un gouvernement, un pays de l’Union européenne ne peut accepter que l’on piétine l’Etat de droit en organisant un référendum sans aucune garantie. Nous sommes arrivés à une situation limite", a-t-il déclaré vendredi à l’issue d’une réunion des dirigeants européens à Bruxelles.
Une mise partielle sous tutelle avant des élections. Vendredi le gouvernement conservateur, soutenu par l’opposition et les centristes, planchait sur une suspension partielle et limitée dans le temps des compétences de la Catalogne : les finances, la police locale et la présidence de la région devraient être contrôlés par l’Etat. Madrid se fixe également pour priorité d’organiser des élections dans la région d’ici à la fin janvier. La mise sous tutelle serait ensuite levée et la Catalogne retrouverait un fonctionnement normal.
Toutes ces mesures doivent être validées par le Sénat dans la semaine. Si c’est le cas, la suspension de l’autonomie sera proclamée le mois prochain. En attendant, les séparatistes continuent de menacer de proclamer la République catalane.