Des manifestations sont annoncées mardi en Catalogne pour protester contre le placement en détention de deux importants dirigeants indépendantistes accusés de sédition par la justice espagnole.
Deux dirigeants indépendantistes en détention. "Cela n'a pas de sens, nous n'avons pas de mots pour décrire" cette situation. "C'est pourquoi nous appelons la société catalane à manifester demain, évidemment de manière pacifique", a déclaré à des journalistes Jordi Bosch, secrétaire général de l'association indépendantiste Omnium Cultural.
Une juge d'instruction a décidé lundi soir le placement en détention préventive de Jordi Cuixart et Jordi Sanchez, qui dirigent respectivement les deux principales associations indépendantistes de Catalogne, Omnium Cultural et l'Assemblée nationale catalane (ANC). Ces associations ont une très forte capacité de mobilisation et la mise en examen de leurs chefs risque d'envenimer encore la crise entre Madrid et la Barcelone.
Des concerts de casseroles. Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, inculpés pour sédition par l'Audience nationale, la haute juridiction chargée notamment des affaires de sécurité nationale, ont été écroués à la prison de Soto del Real, non loin de Madrid, en début de soirée.
Les deux leaders sont soupçonnés d'avoir encouragé des centaines de personnes le 20 septembre à Barcelone à bloquer la sortie d'un bâtiment où des gardes civils menaient des perquisitions, en lien, justement, avec l'organisation du référendum. Ces gardes civils y étaient restés bloqués jusqu'au milieu de la nuit. La nouvelle de leur détention a entraîné dans toute la Catalogne des concerts de casseroles, en signe de protestation.
Des appels à manifester. Dans la nuit, les appels à manifester se sont répandus comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, annonçant des mobilisations dans toute la Catalogne et aussi ailleurs, comme à Valence. Un bref arrêt de travail est prévu mardi à midi pour réclamer "la libération des prisonniers politiques" et des rassemblements devant les préfectures sont annoncés pour la fin de l'après-midi.
Un message de sérénité. Avant d'être placé en détention, Jordi Cuixart avait enregistré une vidéo qui a été diffusée dans la nuit. "Bienvenus, si vous voyez cette vidéo, c'est que l'appareil d'État a décidé de me priver de liberté", déclare-t-il : "Je veux vous envoyer un message de sérénité". Jordi Cuixart annonce dans cette vidéo que, s'il le faut, son organisation travaillera "dans la clandestinité", mais de manière pacifique.
"Nous avons à nouveau des prisonniers politiques en Espagne". Le porte-parole du gouvernement séparatiste catalan a qualifié de "provocation de l'Etat espagnol" le placement en détention des deux hommes, appelant cependant leurs sympathisants à rester pacifiques. "Nous avons à nouveau, tristement, des prisonniers politiques" en Espagne, a estimé le président indépendantiste catalan Carles Puigdemont dans un message posté en anglais sur son compte Twitter.
Un délai de trois jours pour proclamer ou non l'indépendance. Ces détentions interviennent alors que Madrid a donné lundi un ultime délai de trois jours au président séparatiste pour qu'il revienne à la légalité. Depuis une semaine, Carles Puigdemont laisse planer la possibilité d'une déclaration unilatérale d'indépendance, laissant entendre, sans le dire ouvertement, qu'il a "suspendu" cette déclaration en vue d'un dialogue avec Madrid.