Le Premier ministre français Bernard Cazeneuve, arrivé mardi matin en Chine pour une visite officielle de trois jours, a demandé à Pékin de s'ouvrir davantage aux produits français et européens, tout en dénonçant le "recroquevillement" du "protectionnisme".
Un "rééquilibrage" nécessaire. Pour la première étape de son voyage, le chef du gouvernement s'est exprimé devant environ 300 étudiants à l'Université de Pékin (Beida), où il a à la fois défendu les "bienfaits" de la mondialisation et le besoin de davantage de "rééquilibrage" et de "réciprocité" dans les relations commerciales avec la Chine. "Si nous voulons que le protectionnisme ne gagne pas sur le plan international, il faut que des grands pays comme les nôtres soient capables de construire des relations commerciales qui soient équilibrées", a-t-il répondu à une étudiante, estimant que "beaucoup reste à faire" en la matière.
Les "bienfaits" de la mondialisation. Alors que la Chine suit de près l'élection présidentielle française et l'hypothèse d'une victoire de Marine Le Pen, le Premier ministre a donné des gages sur l'attachement français au libre-échange, en critiquant le "recroquevillement" du "protectionnisme" porté par "certains populistes". "Nous cédons trop souvent à la tentation de critiquer la mondialisation. Nous devrions souligner davantage les bienfaits qu'elle nous apporte", a-t-il affirmé, en disant la "bienvenue" aux investissements, aux étudiants et aux touristes chinois en France.
Dans une interview au média économique chinois Caixin, publiée simultanément à son arrivée, Bernard Cazeneuve estime qu'un "rééquilibrage par le haut" des relations commerciales franco-chinoises passe notamment par une "plus grande ouverture du marché chinois aux exportations françaises". Et ce "pour que les produits français bénéficient des mêmes conditions que les produits chinois sur le marché européen, le plus ouvert du monde", a insisté le Premier ministre, demandant par exemple un meilleur accès pour les films français en Chine.
Un "principe de réciprocité". L'Union européenne est le premier partenaire commercial du géant asiatique, suivie des Etats-Unis. Or, la Chine, devenue ces vingt dernières années "l'usine du monde", s'inquiète du risque de protectionnisme américain avec l'élection à la Maison-Blanche de Donald Trump, qui a fréquemment visé les produits chinois lors de sa campagne. Face à ce risque, le géant asiatique esquisse un rapprochement avec l'Europe, selon des diplomates. Mais l'UE, elle-même confrontée à des poussées de partis extrêmes, souhaite davantage de "réciprocité" commerciale, alors que plusieurs droits de douane de l'Europe vers la Chine restent nettement plus élevés que dans le sens inverse. Ce "principe de réciprocité" est une "exigence" que "la France comme l'UE entendent promouvoir avec l'ensemble de leurs partenaires", afin que "le commerce international bénéficie à toutes nos populations, et pas seulement à un petit nombre", a souligné Bernard Cazeneuve selon la version française de l'entretien fournie par ses services.
Quant aux touristes chinois, "toutes les mesures sont prises pour leur réserver le meilleur accueil et leur assurer une sécurité maximale durant leur séjour", a assuré le Premier ministre devant les étudiants, alors que les attentats djihadistes, mais aussi des vols et des agressions en région parisienne ont terni l'image de la France dans les médias chinois. Bernard Cazeneuve doit notamment lors de son séjour rencontrer son homologue chinois Li Keqiang mardi et le président chinois Xi Jinping, mercredi.