Ils sont quinze Français à embarquer, ce mercredi soir, depuis le terminal 1 de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. A 23h09, l’Airbus A320 de la compagnie EgyptAir s’envole de Paris en direction du Caire, où il était attendu à 04h20.
A bord du vol MS804, aux côtés des 15 Français, 30 Egyptiens, un Britannique, un Canadien, un Belge, un Portugais, un Algérien, un Soudanais, un Tchadien, deux Irakiens, un Saoudien et un Koweïtien, ont également pris place. Au total, 56 passagers, dont un petit garçon et deux bébés, sont à bord de l’appareil, entourés par 10 membres d’équipage.
Deux pilotes expérimentés
A 2h24, le vol MS804 entre dans l'espace aérien grec. Le trafic aérien du pays lui donne le feu vert pour poursuivre sa route. Vingt-quatre minutes plus tard, le vol est transféré au secteur de contrôle aérien suivant et autorisé à sortir de l'espace aérien grec. "Le pilote était de bonne humeur et a remercié le contrôleur en grec", indiqueront par la suite les autorités grecques.
Le contrôle aérien grec tente à 3h27 d'entrer en contact avec l'appareil à propos du passage de relais au contrôle aérien du Caire. Malgré des appels répétés, l'appareil ne répond pas. Le contrôleur bascule alors sur la fréquence de détresse, encore une fois sans réponse de l'appareil. L'avion, qui se trouve à près de 10-15 miles dans l'espace aérien égyptien, effectue un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37.000 à 15.000 pieds. C'est là que son image disparaît des radars.
Aucun message de détresse n’est émis par le pilote et le co-pilote. Les deux hommes sont d'ailleurs expérimentés : le pilote cumule 6.275 heures de vol dont 2.101 sur A320, tandis que son collègue a déjà volé 2.766 heures.
"Une flamme dans le ciel"
Des opérations de recherche sont lancées très tôt jeudi matin pour tenter de localiser l’appareil ou un possible lieu de crash. Finalement, l'aviation civile grecque annonce que l'appareil s'est abîmé au large de l'île grecque de Karpathos, dans le sud-est de la mer Egée. Une information que confirme, un peu plus tard dans la journée, le chef de l'Etat, François Hollande.
Selon une source proche du ministère grec de la Défense, le capitaine d'un navire marchand dit avoir vu "une flamme dans le ciel" dans cette zone.
Les forces armées grecques sont aussitôt dépêchées "à 130 milles de Karpathos, une frégate de la marine de guerre, un avion C-130 et un avion militaire EMB-145H participent aux recherches", selon le ministère grec de la Défense. "Deux autres hélicoptères Super Puma sont à Karpathos et sont aussi prêts à participer à ces recherches".
Essayer de comprendre ce qui s’est passé
En parallèle des recherches menées au large de l’île grecque, les enquêteurs tentent de comprendre ce qui a pu causer la chute de l’appareil. "Pour l'heure, nous ne savons pas pourquoi l'avion a disparu", déclare un porte-parole d'EgyptAir en milieu de matinée. "Aucune hypothèse ne peut être écartée sur les causes de cette disparition", indique, de son côté, le Premier ministre français Manuel Valls.
"Si l'équipage n'a pas envoyé de message d'alerte, c'est que l'événement a été très, très brutal", avance, pour sa part, Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'Enquêtes et Analyses (BEA) en France. "Un problème technique d'habitude, un incendie, un problème de panne moteur ne produit pas l'accident instantanément et l'équipage a le temps de réagir. Là l'équipage n'a rien dit, n'a pas réagi, donc il s'agit très probablement d'un événement brutal et on peut penser effectivement à un attentat", ajoute-il sur Europe 1.
Les proches pris en charge
Du côté des familles des passagers, c’est une longue attente qui commence. A l'aéroport du Caire, les proches des passagers sont isolés très tôt dans une salle. "J'ai quatre proches dans l'avion, on a aucune information. Le directeur adjoint d'EgyptAir nous a organisé une conférence pour nous dire qu'ils n'ont aucune information si ce n'est que l'avion a disparu", lâche un homme.
En France, les familles des passagers sont également accueillies à l’aéroport de Roissy. Une dizaine de proches des passagers du vol reliant Paris au Caire entrent dans l'hôtel Mercure de l'aéroport, où des psychologues les attendent. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et le secrétaire d'État chargé des Transports Alain Vidalies sont présents.
"La salle de crise de Roissy est activée avec l'ensemble des services de l'Etat et Aéroports de Paris. On a reçu les représentants de la compagnie EgyptAir et de l'ambassade d'Egypte", indique Philippe Riffaut, préfet en charge de la sécurité de Roissy-Charles-de-Gaulle et du Bourget.
Dans la matinée, l'Elysée fait savoir que François Hollande s'est entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, et que les deux pays sont en "coopération étroite pour établir les circonstances de cette disparition". La France, "est prête à participer aux recherches" si les autorités égyptiennes le souhaitent.