Les dernières violences à Bangui ont fait 17 morts, alors que le climat se tend dans la capitale centrafricaine entre des milices d'un côté et les Casques bleus de l'autre.
Un cortège d'habitants du quartier musulman de Bangui, le PK5, est venu déposer mercredi matin devant le QG de la mission de l'ONU en Centrafrique, la Minusca, les corps de 17 personnes tuées selon eux mardi dans des violences. "Hier, ils ont tué beaucoup de gens. Voilà les morts qu'on a amenés ici", a expliqué un homme devant les corps drapés de blanc posés devant la porte close du QG de la Minusca. Quelques véhicules blindés de l'ONU étaient placés aux abords du camp de la Minusca, qui a été totalement bouclé mercredi matin.
Première flambée de violence depuis 2016. Mardi, des affrontements ont eu lieu entre une patrouille composée de Casques bleus et de soldats centrafricains, et des milices d'"auto-défense" auto-proclamées dans le quartier musulman du PK5 de la capitale. Un Casque bleu a été tué, huit autres blessés, et au moins 46 personnes ont été blessées durant ces échanges de tirs. C'est la première fois qu'une telle flambée de violences s'empare de la capitale centrafricaine depuis l'élection de Faustin-Archange Touadéra, en 2016. "Le président Touadéra quand il était en campagne nous a promis de pas toucher un seul cheveu d'un sujet musulman si nous votions pour lui, ce que nous avons fait. Voilà le résultat", déplore Ryad, un manifestant du cortège.
Démantèlement des groupes armés. Depuis plusieurs mois, le quartier PK5 de Bangui, où vit la majorité des musulmans de la capitale, est le théâtre de violences meurtrières. La population commerçante du quartier avait arrêté début 2018 de payer les milices armées pour protester contre leurs violences, qui se sont poursuivies. Dimanche, l'ONU et les forces de sécurité centrafricaines ont lancé une opération militaire pour démanteler ces groupes armés. L'opération, durant laquelle deux personnes sont décédées et une soixantaine blessées, est toujours en cours.