Des affrontements entre groupes armés ont fait de nouveaux morts dimanche à Bangui, la capitale de la Centrafrique, alors que le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian officialisait lundi la fin de l'opération militaire Sangaris lancée en décembre 2013 pour mettre fin aux violences et au chaos.
Entre quatre et dix morts. Des règlements de compte dimanche entre des "groupes d'auto-défense" dans le quartier musulman du PK5 auraient fait une dizaine de morts, selon un bilan de sources locales non encore confirmé par la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minsuca), désormais en première ligne face aux groupes armés. Un premier bilan de source sécuritaire, dimanche, faisait état de quatre morts. Aux alentours du PK5, les habitants continuaient lundi de fuir, redoutant de nouvelles violences. Un hélicoptère des forces internationales survole en permanence Bangui depuis 5h du matin, a constaté un correspondant de l'AFP.
Une fin d'opération militaire en demi-teinte. Ces violences se sont produites alors que Jean-Yves Le Drian est arrivé dimanche à Bangui pour officialiser la fin de l'opération Sangaris lancée fin 2013 pour éviter un "génocide", selon Paris, après le renversement du président François Bozizé. Le ministre de la Défense doit rencontrer le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, les responsables de la Minusca et s'exprimer devant l'Assemblée nationale à 9h.
Deux jours avant sa visite, très médiatisée, d'autres violences dans le centre du pays avaient fait 25 morts, dont six gendarmes, selon la Minusca. Le gouvernement a dénoncé dans un communiqué un "plan machiavélique conçu par les ennemis de la paix", visant les populations de Bossangoa dans le nord, Bozoum et Bocaranga, dans le nord-ouest.
"La France n'abandonnera jamais la Centrafrique". Après Jean-Yves Le Drian, le vice-secrétaire général des Nations unies, Jan Eliasson, est attendu mardi à Bangui pour une visite de 48 heures, indique la Minusca. Paris qui va maintenir quelque 350 soldats en Centrafrique se veut rassurant envers cette ancienne colonie. "La France n'abandonnera jamais la Centrafrique", a promis le Premier ministre français Manuel Valls dans un entretien à RFI/France 24 à l'occasion d'une visite dimanche à Abidjan, en Côte d'Ivoire.
"Nous fermons une opération parce que cette opération a été un succès", avait assuré de son côté le ministre de la Défense le 19 octobre devant l'Assemblée nationale à Paris. "Nous avons évité des massacres de masse (...) permis un processus de réconciliation intercommunautaire, la reconstitution de l'État centrafricain, une élection présidentielle, des élections législatives", a-t-il énuméré.
Un conflit qui a fait des milliers de morts. La France s'était interposée fin 2013 dans les massacres entre la rébellion Séléka majoritairement musulmane et les anti-balaka, des miliciens principalement chrétiens. Le conflit a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés dans ce pays pauvre de 4,5 millions d'habitants.