Plus d'un demi-million de personnes ont bruyamment participé à "la plus grande manifestation sur le Brexit", selon les organisateurs, samedi à Londres, pour réclamer un référendum sur l'accord final, encore négocié entre Londres et Bruxelles à cinq mois de l'échéance. Sous un doux soleil automnal, la foule compacte s'est rassemblée dans l'après-midi devant le Parlement britannique et dans les rues alentours, agitant de nombreux drapeaux européens, après avoir parcouru le centre de Londres et traversé le quartier des ministères en soufflant avec enthousiasme dans des sifflets.
"Ça va faire beaucoup de mal à notre pays". Béret, lunettes, t-shirt : le drapeau européen est décliné sous toutes les formes dans l'immense cortège qui marche vers le Parlement. Sur les pancartes s'affichaient des slogans contre la sortie de l'UE ou moquant l'incapacité de la Première ministre conservatrice Theresa May à négocier un accord de divorce avec Bruxelles, comme "Arrêtez le Brexit", "Le Brexit est mauvais", "Restons ensemble" ou encore "J'ai 16 ans et le Brexit a volé mon avenir".
Chloé et Bob ont voté contre le Brexit et ils étaient prêts à respecter le choix de leurs concitoyens, mais la façon dont le processus de sortie est géré par la classe politique les pousse à sortir de leur réserve. "Personne ne comprend ce qu'ils font, ils sont incompétents. Ils n'ont aucun plan et notre avenir est en chute libre", déplore Chloé. "C'est le bordel, c'est la catastrophe !", s'énerve de son côté Bob. "Ça va faire beaucoup de mal à notre pays, il n'y aura pas de solution pour l'Irlande du Nord. Ça risque de faire éclater le Royaume-Uni. Les politiciens britanniques ont été trop arrogants, ils ont cru que l'Europe avait plus besoin de nous que nous besoin d'eux."
"Ma voix n'a pas compté". Dans la foule, les jeunes sont très nombreux : 1,5 million de Britanniques ont eu 18 ans depuis le vote sur le Brexit, en juin 2016, dont une large majorité est pro-européenne. Zoé part en Erasmus en France dans trois mois : "Est-ce que cette année comptera bien dans mon diplôme ? Est-ce que je serai autorisée à rester dans le pays ?", s'interroge la jeune femme. "C'est désespérant car ma voix n'a pas compté dans cette décision qui va nous impacter pour les 60 prochaines années au moins."
Selon de récents sondages, 45% des Britanniques soutiennent l'idée d'un second vote sur le Brexit. Ils ont reçu le soutien de personnalités politiques de tous bords, notamment l'ex-Premier ministre Tony Blair et le maire de Londres Sadiq Khan. Mais ce rassemblement risque peu de convaincre Theresa May, fermement opposée à cette idée. "Il n'y aura pas de second référendum. Les gens ont voté", a déclaré la cheffe de gouvernement mercredi, déterminée à "mettre en oeuvre" le résultat du référendum.