C'est un peu l'équivalent du Prix Nobel de la Paix, mais pour l'environnement. Mercredi, à New York, Emmanuel Macron va devenir "champion de la Terre", un titre décerné par l'ONU, qui tient son Assemblée générale annuelle dans la ville américaine depuis mardi. Mais quelle est cette récompense honorifique que le chef de l'État recevra en marge du deuxième One Planet Summit, qu'il co-organise ?
Macron est-il le premier "champion de la Terre" ?
Non, car plusieurs dizaines de personnalités ont reçu ce prix depuis sa création en 2005, à l'initiative du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Parmi les précédents lauréats, on retrouve l'activiste américain et ancien candidat à la Maison-Blanche Al Gore (2007), le photographe français Yann Arthus-Bertrand (2009) ou encore le président rwandais Paul Kagame (2016).
Comment les lauréats sont-ils choisis ?
Après avoir reçu des centaines de propositions, que tout le monde peut faire sur le site de l'institution entre mars et mai, une "équipe spécialement consacrée" aux champions de la Terre "fait des recherches et prépare un profil détaillé de chaque nommé, de ce qu'il a accompli et de ses compétences", précisent les Nations unies, contactées par Europe1.fr. Durant trois mois, les équipes régionales du PNUE passent ensuite ces profils au crible. Plusieurs cadres des Nations unies procèdent alors à un premier vote, avant qu'Erik Solheim, le directeur exécutif du PNUE, décide des six lauréats, répartis en quatre catégories ("leadership politique", "inspiration et action", "vision entrepreneuriale" ainsi que "science et innovation").
Pourquoi Macron est-il récompensé cette année ?
Parmi les lauréats de cette année, Emmanuel Macron côtoie la défenseure des indigènes Joan Carling, l'entreprise Beyond Meat and Impossible Foods, le programme de restauration des eaux de la province chinoise du Zhejiang, l'aéroport indien de Cochin et le président indien Narendra Modi. Avec ce dernier, au sein de la catégorie "leadership politique", le chef de l'État est distingué pour avoir défendu l'Alliance solaire internationale, qui vise à augmenter la production d'électricité solaire dans le monde.
" Cette distinction va l'amener à encore plus de cohérence "
Mais il est aussi récompensé par les Nations unies pour "son leadership environnemental à l'échelle internationale", indique l'institution, louant ses efforts pour lancer le Pacte mondial pour l'environnement. "Cette distinction va l'amener à encore plus de cohérence" en matière d'écologie, vante auprès d'Europe1.fr Matthieu Orphelin, député LREM du Maine-et-Loire.
Ce prix a-t-il un lien avec le deuxième One Planet Summit ?
Le lien entre les deux événements est indirect. La cérémonie des champions de la Terre n'est pas organisée dans le cadre du second One Planet Summit, qui a lieu mercredi à la suite du Bloomberg Global Business Forum. À l'automne dernier, pour la première édition de cette grand-messe environnementale, 4.000 personnes engagées pour le climat s'étaient réunies à Paris à l'initiative du président français, afin de soutenir le mouvement #MakeOurPlanetGreatAgain. "C'est parce qu'il a fait ça qu'il est 'champion de la Terre', qui est un prix surtout symbolique auquel il ne faut pas accorder trop d'importance", tempère Matthieu Orphelin.
Cette fois-ci, seulement 300 personnes seront présentes lors de cet événement organisé à l'hôtel Plaza de New York, dont la tenue a été communiquée le 14 septembre, il y a moins de deux semaines. "Le but de ce point d'étape, c'est de voir où en sont les engagements pris l'année dernière", explique le parlementaire LREM.
Pourquoi la remise de ce prix fait-elle grincer des dents ?
Selon plusieurs voix critiques, le chef de l'État ne mérite pas vraiment d'être "champion de la Terre" au regard de ses réalisations en matière d'écologie depuis un an et demi. "On s'est dit que cela tenait plus de la blague que de la récompense sérieuse, quand on sait à quel point les actions sont loins des promesses faites par Emmanuel Macron", a critiqué mercredi sur Europe 1 Jean-François Juillard, de Greenpeace France. "J'aimerais bien que ce prix soit aussi pour les Nations unies l'occasion de dire 'Maintenant que vous avez eu ce prix, vous êtes sous surveillance de la communauté internationale et on va regarder d'un peu plus près ce que vous faites réellement dans votre pays'."
Macron absent à la remise de prix
En partance pour les Antilles, où il doit entre autres sujets évoquer la reconstruction des îles un an après le passage dévastateur des ouragans Irma et Maria, le chef de l'État manquera la remise de son prix à New York. C'est la secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, qui ira à sa place chercher la récompense. Une récompense que l'Élysée indique à Europe 1 n'avoir "en aucun cas sollicitée".