S'il ne fallait citer qu'un joueur d'échecs, ce serait lui : Garry Kasparov, légende de la discipline dont il fut le champion du monde de 1985 à 2000. À 54 ans, "l'ogre de Bakou", du nom de la capitale azéri où il est né, retrouve la compétition lundi, à l'occasion d'un tournoi de cinq jours à Saint-Louis, aux Etats-Unis. Mais le Russe ne compte pas redevenir professionnel pour autant : "Ce n'est pas la fin de ma retraite de joueur d'échecs, mais seulement un hiatus. Je n'ai pas l'intention de rejouer après cet événement", a précisé l'ancien champion sur sa page Facebook.
"L'ogre de Bakou". Car la vie de Garry Kasparov ne ressemble plus à celle qu'il avait au sommet de sa gloire, démarrée en 1985 avec un record de précocité pour un champion du monde d'échecs. Quinze ans durant, l'ogre de Bakou a outrageusement dominé la discipline. "Il est très très fort pour imposer son jeu mais un petit grain de sable peut enrayer cette belle mécanique", se souvient Bachar Kouatly, champion français qui l'a affronté en Autriche en 1981. Kasparov est alors champion d'Union soviétique et déjà très sûr de lui : "Il m'a regardé en disant grosso modo 'C'est moi le patron', je l'ai regardé avec la même intensité et puis après il a rigolé et on a commencé. À la fin, pourtant, il n'était pas très content d'avoir fait match nul", se rappelle le grand maître international français.
Deux rencontres contre un ordinateur. S'en suit une carrière au plus haut niveau, qui dépoussière la discipline. Avec quelques moments phares, comme ses deux matches contre l'ordinateur Deep Blue de la société IBM, en 1996 et 1997, qui contribuent à médiatiser les échecs.
Opposant virulent à Poutine. Mais Garry Kasparov délaisse les tournois en 2005, pour devenir l'un des opposants les plus virulents à Vladimir Poutine, après avoir été le premier sportif à critiquer le pouvoir soviétique dans les années 1980. Lequel lui préférait son rival historique, Anatoli Karpov.
Activisme, conférences et vie de famille. Depuis sa retraite, les échecs occupent une place bien plus faible dans la vie de Garry Kasparov. "L'activisme en matière de droits humains, l'écriture, les conférences, la promotion des échecs via ma fondation et passer du temps avec ma famille, toutes ces choses sont ma vie aujourd'hui", écrit-il sur Facebook pour justifier son refus de retrouver le monde professionnel après le tournoi de Saint-Louis. Mais ses jeunes adversaires qui ont grandi en le vénérant le savent : s'il revient, ne serait-ce qu'une semaine, ce n'est pas pour faire de la figuration.