Le bilan des inondations de fin juillet dans le centre de la Chine est brutalement monté à 302 morts et 50 disparus, alors que le précédent bilan faisait état de 99 décès. Une année de pluie était tombée en trois jours.
La Chine a annoncé lundi un bilan bien plus lourd des inondations de fin juillet dans le centre du pays, évoquant désormais 302 morts et 50 disparus lorsque l'équivalent d'une année de pluie est tombé en trois jours. Il s'agit du pire bilan d'inondations dans le pays asiatique depuis un glissement de terrain dans la localité de Zhouqu, dans la province du Gansu (nord-ouest), qui avait fait plus de 1.800 morts et disparus en août 2010. Près de deux semaines après le déluge qui s'est abattu sur la province du Henan, les autorités locales ont fait état de 302 morts, alors que le précédent bilan communiqué jeudi dernier évoquait 99 décès.
Le 20 juillet, les précipitations qui avaient frappé la métropole de Zhengzhou, la capitale de cette province très peuplée, avaient englouti une rame de métro, tuant 14 personnes parmi les quelque 500 passagers pris au piège à l'heure de pointe.
Près de 7 milliards de dollars de dégâts dans la ville de Zhengzhou
Devant la presse, la maire de Zhengzhou, Hou Hong, a précisé lundi que 39 personnes avaient perdu la vie dans des parcs de stationnement en sous-sol et six dans un tunnel, sans préciser lequel. Des dizaines de voitures avaient été emportées dans un tunnel routier, produisant un spectaculaire amoncellement d'automobiles à une des sorties. Le bilan exact des victimes dans ce secteur n'a pas été précisé. En trois jours était tombé l'équivalent de près d'une année de précipitations à Zhengzhou -- du jamais vu en six décennies de relevés météorologiques, et de quoi alimenter l'inquiétude sur l'impact du changement climatique.
La maire a évalué les dégâts dans sa ville à la somme colossale de 53,2 milliards de yuans (près de 7 milliards d'euros). Zhengzhou déplore au moins 292 morts à elle-seule.
De vives polémiques sur la gestion par les autorités locales
Les autorités locales ont été critiquées pour n'avoir pas ordonné la fermeture des transports publics en dépit des alertes météo. La femme d'une des victimes a d'ailleurs engagé des poursuites contre l'opérateur du métro pour négligence, a indiqué la semaine dernière le média local Jimu News. Les autorités ont tenté maladroitement d'enrayer toute polémique. La semaine dernière, devant les marches de la station de métro Shakoulu, particulièrement meurtrie, de nombreux habitants sont venus s'incliner, déposer des bouquets de fleurs ou des messages manuscrits en mémoire des victimes.
Mais signe de la sensibilité de l'hommage, des murs mobiles en plastique jaune avaient ensuite été installés autour de cette zone, provoquant un certain émoi sur les réseaux sociaux. Ils avaient ensuite été retirés. Couvrant les intempéries, plusieurs reporters étrangers ont par ailleurs été pris à partie par certains habitants suspicieux voire hostiles, qui ont accusé les journalistes de vouloir présenter la Chine sous un mauvais jour.
Une équipe de l'AFP a été entourée par une vingtaine de personnes, certaines exigeant de supprimer des prises de vues. Interrogé jeudi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a justifié indirectement ces comportements, qu'il a mis sur le compte de "l'indignation du peuple chinois" envers les "fausses informations" que diffuseraient régulièrement "certains médias occidentaux" à propos du pays.