Plus de 38 mètres. C'est l'envergure du plus gros hydravion du monde, un appareil construit en Chine qui a effectué, ce dimanche, son vol inaugural d'environ une heure, après avoir décollé de la ville de Zhuhai. "Ce vol inaugural réussi fait de la Chine un des rares pays au monde capable de construire de larges avions amphibies", a déclaré l'ingénieur en chef Huang Lingcai. Destiné à la lutte contre les feux de forêts et le sauvetage en mer, l'AG 600 possède également des applications militaires.
12 heures dans les airs à 500 km/h. Surnommé "Kunlong", il est doté de quatre turbopropulseurs, pèse plus de 50 tonnes, est censé pouvoir rester 12 heures dans les airs, avec une vitesse de pointe avoisinant les 500 km/h. Il peut embarquer 50 personnes, récupérer 12 tonnes d'eau en 20 secondes et transporter jusqu'à 370 tonnes d'eau dans un seul réservoir. La Corporation chinoise de l'industrie de l'aviation (CCIA), contrôlée par l'Etat, en a déjà commandé 17 exemplaires.
Il avoisine la taille d'un Boeing 737 et est largement plus grand que tous les autres appareils conçus pour se poser sur l'eau et en décoller, selon le directeur général adjoint de la CCIA, Geng Ruguang. "Sa portée opérationnelle de 4.500 kilomètres et sa capacité à amerrir est propice à son déploiement sur les îles artificielles chinoises", a observé James Char, analyste à l'Université technologique Nanyang de Singapour.
Vers l'indépendance aérienne. L'AG 600 pourrait du fait de ses capacités être utilisé par la Chine dans le cadre de ses projets dans les secteurs maritimes disputés de la mer de Chine méridionale, revendiquée en quasi-totalité par Pékin. La Chine cherche à réduire sa dépendance envers les constructeurs étrangers comme l'Américain Boeing et l'Européen Airbus. Et le surnom donné à l'hydravion témoigne des attentes de Pékin, "Kun" désignant dans la culture chinoise un poisson légendaire, et "long" un dragon.
En juin 2016, l'avion régional chinois AR J21 a effectué son premier vol commercial, point culminant d'un programme aéronautique lancé il y a 15 ans et destiné à doter la Chine d'un avionneur crédible. Un projet sur le long terme qui est encore loin d'aboutir, puisque Boeing a signé en Chine un accord portant sur l'achat de 300 appareils pour un prix catalogue total de 37 milliards de dollars (31,8 milliards d'euros), en novembre dernier, au deuxième jour d'une visite à Pékin du président américain Donald Trump.