Le refus des Nations unies d'admettre leur responsabilité juridique dans l'épidémie de choléra qui ravage Haïti depuis 2010 est injustifiable et "affaiblit la crédibilité" de l'organisation, a dénoncé mardi un expert indépendant sur les Droits de l'homme.
"Deux poids, deux mesures". Cette attitude établit "un système de deux poids, deux mesures" qui contredit les efforts de l'ONU pour sanctionner les gouvernements coupables d'exactions, a estimé Philip Alston, rapporteur spécial de l'ONU sur l'extrême pauvreté et les Droits de l'homme. Mi-août, après avoir longtemps refusé de l'admettre, l'ONU a pour la première fois reconnu son "implication dans le foyer initial" de l'épidémie. Selon de nombreux experts indépendants, la maladie a été introduite en Haïti par des Casques bleus népalais de la Mission de l'ONU sur place (Minustah). Mais l'organisation internationale maintient qu'elle n'a pas de responsabilité légale, tout au plus une "responsabilité morale".
"Contraire aux intérêts de l'ONU". Son attitude pendant six ans "a été un désastre", a affirmé Philip Alston, estimant que l'ONU était "moralement condamnable, indéfendable du point de vue légal, contraire aux intérêts (de l'ONU) et inutile". Il s'exprimait devant l'assemblée générale de l'ONU en présentant un rapport sur cette affaire. Les rapporteurs spéciaux sont des experts indépendants mandatés par les Nations unies.
La main des États-Unis ? Selon Philip Alston, la stratégie onusienne consistant à "éviter à tout prix de reconnaître sa responsabilité" et à poser "une chape de silence" sur cette affaire a été dictée par son département des affaires juridiques et inspirée par les États-Unis. Ceux-ci, qui sont les principaux contributeurs au budget de l'ONU, auraient poussé à suivre des stratégies de défense adoptées dans des litiges aux États-Unis.