La flambée des taux d'intérêt au Royaume-Uni a entraîné une chute "record" de la richesse des ménages britanniques depuis la Deuxième Guerre mondiale, mais pourrait apporter un coup de pouce aux primo-accédants à la propriété, selon une étude parue lundi.
L'envolée des taux d'intérêt dans un contexte d'inflation depuis la reprise post-Covid a provoqué "une chute de la richesse des ménages à travers la Grande-Bretagne évaluée à 2.100 milliards de livres sur l'an passé", d'après cette étude du centre de réflexion Resolution Foundation.
Cette organisation rappelle que la Grande-Bretagne a bénéficié d'un "boom de richesse sans précédent ces dernières décennies", tandis que la richesse totale des ménages britanniques est passée "d'environ 300% du revenu national dans les années 80 à 840%, soit 17.500 milliards, en 2021".
La richesse des ménages britanniques en chute
Toutefois, "la rapide remontée des taux d'intérêt par la Banque d'Angleterre depuis la fin 2021 a fait augmenter les taux d'emprunt immobilier, a provoqué une chute du prix des logements et fait plonger le cours des bons du Trésor britannique et des obligations d'entreprises", détaille la Resolution Foundation, spécialisée dans les politiques de lutte contre la pauvreté.
La chute de prix des obligations et emprunts d'État a réduit la valeur comptabilisée des actifs des fonds de retraite, "normalement la plus grosse source de richesse des ménages en Grande-Bretagne", précise l'étude, menée en partenariat avec Abrdn Financial Fairness Trust.
Résultat : la richesse des ménages britanniques ne représentait désormais plus que 650% du revenu national britannique début 2023, soit la plus grosse chute en termes de pourcentage depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, selon l'étude.
Des taux d'intérêt élevés persistants
Confrontée à une inflation qui s'est maintenue en mai à 8,7% sur un an et qui persiste au-delà des attentes, la banque centrale britannique a relevé en juin ses taux pour la 13e fois consécutive, à 5%, et les marchés anticipent qu'ils vont culminer à 6,5% en mars.
Ce recul de la richesse des ménages britanniques pourrait atténuer les "inégalités intergénérationnelles" qui se sont accrues ces 40 dernières années, le boom immobilier ayant surtout profité aux générations les plus âgées tandis que les plus jeunes se sont retrouvés exclus de l'accès à la propriété.
Des taux d'intérêt élevés persistants mettent sous pression les finances des ménages qui ont déjà un prêt immobilier, car ils sont généralement assortis de taux variables, ou fixes pour seulement quelques années.
À l'inverse, ces taux élevés devraient entraîner un recul des prix immobiliers et permettre aussi aux retraités d'obtenir un meilleur niveau de vie en augmentant les rendements des fonds de pension, conclut l'étude.