Sur le chemin, au bord de la voie rapide, entre leur camp en préfabriqués et les locaux de l'association qui donne les cours d'allemand, il n'est question que du "Neues Jahr", le Nouvel An. Après les vols et les agressions sexuelles commis à Cologne le soir du 31 décembre, les autorités ont confirmé que la quasi-totalité des suspects sont d'origine étrangère. "Dix-huit ont le statut de demandeur d'asile", a précisé le porte-parole du ministère fédéral de l'Intérieur.
"Eux doivent payer. Pas nous tous". L'Afghan Wahid, les Syriens Merwan et Djad craignent l'amalgame agresseur-étranger, agresseur-réfugié. "Ce n'est pas ma faute si ces fous, réfugiés ou pas, se sont mis à agresser des filles. Je n'y suis pour rien s'ils l'ont fait", assure Wahid. "Eux doivent payer, pas nous tous. Et s'il y avait vraiment des réfugiés parmi les agresseurs, ils doivent être expulsés par l'Allemagne. Même en Syrie, même si c'est la guerre. Ici, on est tous contre ces agressions sexuelles", martèle Merwan.
"Maintenant, je rentre plus tôt au foyer". Chez les réfugiés, des craintes de représailles xénophobes apparaissent désormais. Ces derniers jours, des agressions contre des Africains, des Syriens et des Pakistanais ont eu lieu après des appels sur les réseaux sociaux. Lundi soir, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Leipzig contre l'arrivée des réfugiés. "Les gens ici en Allemagne sont très sympathiques. Mais avec le 31, ça va peut-être changer", craint Djad. "Avant, on n'avait pas peur dans la rue. Mais maintenant, le soir, je rentre au foyer plus tôt", explique à son tour Merwan. "J'ai peur, je n'ai pas envie de croiser un de ses groupes et de me faire taper", confie-t-il.
Autre inquiétude de ces réfugiés de Cologne : que la chancelière allemande soit contrainte, politiquement, de changer de posture, en accueillant moins de réfugiés, alors que certains d'entre eux attendent d'être rejoints par des proches encore en Syrie ou en Irak.