La Colombie annonce par la voix de son président, qu'elle s'apprête à "récupérer" l'épave du San José avec son butin estimé à 10 milliards de dollars.
"Jackpot". Le 27 novembre 2015, la marine colombienne découvre l'épave du galion espagnol San José, coulé au large des côtes par la flotte britannique en 1708. A son bord, d'importantes quantités d'or, argent, émeraudes et joyaux collectés en Amérique du Sud destinés à financer l'effort de guerre de la couronne espagnole. Le butin aurait une valeur de 10 milliards de dollars selon des documents datant de 1980, ce qui en ferait le "Graal" des chasseurs d'épaves.
Un magot redécouvert. Bien que la Colombie ait récemment déclaré officiellement la découverte du navire, l'épave aurait été trouvée par la compagnie Sea Search Armada (SSA) en 1981 après avoir racheté le mandat d'exploitation à la société Glocca Mora Co (GMC). Les aventuriers n'auraient jamais ramené les richesses de l'épave à la surface à la suite d'un contentieux avec l'Etat colombien. GMC ayant signé un contrat avec la Colombie lui octroyant 35% des richesses, Bogota considère depuis 1981 que SSA ne devrait pas avoir 35% de la somme globale, mais un pourcentage de la part de GMC sans pour autant signer directement avec cette société. Une loi votée dans la foulée permit également à la Colombie de fixer la part d'un prestataire à 5%, l'Etat s'octroyant le reste. Quelques procès plus tard, le contentieux entre SSA et l'Etat colombien n'est toujours pas réglé. Ces arguties juridiques expliquent pourquoi 10 milliards de dollars ont sagement dormi pendant près de 35 ans au fond de l'océan.
Bataille historique. D'après le chef de l'Etat colombien, l'objectif est que "le monde entier puisse profiter" de ce pan d'histoire, mais l'épave du San José fait aussi l'objet de contentieux avec l'Espagne. Le navire battant pavillon espagnol durant l'affrontement avec le navire britannique il y a trois siècles, Madrid invoque aujourd'hui la convention des Nations unies sur le droit de la mer pour justifier ses prétentions sur le bateau. Il se trouve que la Colombie n'a pas ratifié ce texte.
Le différend entre la Colombie et l'Espagne s'annonce intense, puisque la richesse qui repose dans le ventre de l'épave a été extraite principalement des mines d'Amérique du Sud, au prix de la vie de milliers d'esclaves amérindiens. Un pan d'Histoire sanglant dont les blessures sont ravivées par des intérêts financiers.