Le Sénat colombien a approuvé mardi soir le nouvel accord de paix signé le 24 novembre entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et la guérilla des Farc, à la veille du passage de ce texte devant les députés pour sa validation définitive.
Vers "l'abandon des armes". Le document de quelque 300 pages a été approuvé avec 75 voix pour et aucune voix contre, a précisé le Secrétaire du Sénat. L'accord est censé mettre fin à plus de 50 ans de conflit armé entre les autorités de Bogota et la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). Ce pacte prévoit le désarmement des Farc et leur transformation en parti politique. "Les Farc ne peuvent pas demeurer éternellement une guérilla, ils doivent transiter vers l'abandon des armes et passer dans la légalité", a déclaré Sergio Jaramillo, Haut commissaire pour la paix.
L'opposition toujours contre. Ce nouvel accord de paix avait été signé le 24 novembre par le président Juan Manuel Santos et le chef des Farc Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre "Timoleon Jimenez" ou "Timochenko". Il avait été modifié pour tenir compte des propositions de l'opposition, après le rejet du texte d'origine lors d'un référendum le 2 octobre. Menée par l'ex-président de droite et actuel sénateur Alvaro Uribe, l'opposition est elle toujours contre cet accord et son mode de ratification, réclamant un nouveau référendum. "Nous pensons qu'un vote du Congrès ne peut pas se substituer à un référendum", a déclaré Alvaro Uribe. L'ex-président a par ailleurs qualifié de "pression abusive allant à l'encontre du système législatif" la précipitation avec laquelle le gouvernement veut faire approuver l'accord.
"Impunité totale". Le sénateur, qui a notamment insisté sur la nécessité d'améliorer le texte, a dénoncé l'"impunité totale" dont bénéficieront les guérilleros. Il s'est également élevé contre l'éligibilité politique des guérilleros coupables de crimes graves avant qu'ils aient purgé leurs peines. "La paix va nous rendre l'espérance, la foi en l'avenir et la possibilité d'une vie meilleure pour nous et nos enfants", avait déclaré Juan Manuel Santos lors de la brève cérémonie de signature de ce document le 24 novembre au théâtre Colon de Bogota. "Je reconnais que ce nouvel accord est meilleur (...) car il contient les espoirs et les observations de l'immense majorité des Colombiens", avait-il ajouté.
Quatre ans de négociations. Une fois l'accord approuvé par les deux chambres - avant le week-end, espèrent le gouvernement et les Farc -, les parlementaires seront chargés de légiférer à partir de ce document issu de près de quatre ans de pourparlers avec la plus ancienne et plus importante guérilla de Colombie. Ce conflit, le plus ancien d'Amérique latine, a fait au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,8 millions de déplacés.