L'auteur de l'attentat le plus grave commis en ville par la guérilla des Farc en Colombie a été remis en liberté via la procédure judiciaire prévue par l'accord de paix de novembre, a-t-on annoncé vendredi de sources officielles.
Un attentat qui avait fait 36 morts. Herminsul Arellan Barajas, condamné pour l'attentat contre le club El Nogal, qui avait fait 36 morts et des dizaines de blessés en 2003 à Bogota, est sorti mardi, après six ans d'incarcération à la prison La Picota, située dans la capitale. Le juge d'application des peines a ordonné sa liberté conditionnelle en application de la Justice spéciale pour la paix (JEP), a précisé une source de l'Institut national pénitentiaire et carcéral.
La JEP, prévue dans l'accord de paix signé avec les Farc pour mettre fin à plus d'un demi-siècle de confrontation armée, a pour objectif de juger les guérilleros, agents des forces de l'ordre et civils pour les crimes commis pendant le conflit. Ce système prévoit la liberté conditionnelle des guérilleros et agents de l'État ayant purgé au moins cinq ans, sous certaines conditions.
Trois condamnés pour cet attentat à la voiture piégée. Arellan avait été condamné en 2008 à 40 ans de prison comme auteur matériel de l'attentat des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes). Les Farc avaient introduit une voiture piégée dans le club, la faisant exploser dans la soirée du 7 février 2003. La guérilla n'a admis sa responsabilité que pendant les pourparlers de paix, menés entre 2012 et 2016.
Le frère d'Arellan, Fernando Arellan Barajas, avait reçu la même peine. Le chef des Farc, Rodrigo Londoño ("Timochenko"), et le chef de la délégation de la guérilla aux pourparlers de paix avec le gouvernement, Luciano Marin ("Ivan Marquez"), avaient également été condamnés comme co-auteurs.
Des amnisties en série. L'attentat du Nogal, club chic du nord de Bogota, a été l'un des plus graves de la guerre civile colombienne qui, depuis le début des années 60, a fait au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 7,1 millions de déplacés. Depuis fin février, plusieurs guérilleros, condamnés seulement pour rébellion ou délits connexes, ont été amnistiés en application de l'accord de paix. Parallèlement, plus d'une vingtaine d'agents des forces armées ont été libérés et 900 autres ont demandé à bénéficier de la JEP, selon le ministère de la Défense.